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En 2016, le nouveau poste de police de la gare de Delémont a fait l’objet d’une grande première en Suisse, regroupant dans un même local quatre forces de police (cantonale, municipale, la Police des transports et l’Administration fédérale des douanes). L’occasion de dresser un bilan quinquennal des opérations en présence du commandant de la Police cantonale jurassienne, Damien Rérat.

Titulaire d’une licence en droit obtenue à l’Université de Neuchâtel et élu juge de 1re instance en charge des affaires pénales et civiles par le Parlement de la République et Canton du Jura en 2001, le colonel Damien Rérat est à la tête de la Police cantonale jurassienne depuis 2014. Interview avec l’homme derrière le premier poste multipolices du pays.

Monsieur le commandant, comment est née l’idée de regrouper les différentes polices au sein d’un même espace ?
Damien Rérat : Ce sont les besoins des uns et des autres qui ont eu pour conséquence que les planètes se sont soudainement alignées. La nouvelle Loi sur la police cantonale, entrée en vigueur au 1er janvier 2016, exigeait la création d’un guichet de police commun entre la police cantonale et la police municipale de Delémont. Nous étions donc à la recherche de nouveaux locaux, si possible aux alentours de la gare de Delémont. Dans le même temps, l’Administration fédérale des douanes m’a contacté car elle souhaitait disposer d’un point fixe dans la vallée de Delémont, en plus de ses bureaux à Porrentruy et à Saignelégier. Finalement, j’ai également eu des contacts avec le commandant de la Police des transports qui voulait optimiser la présence de son personnel sur l’axe ferroviaire Bienne-Delémont-Bâle. La création d’un poste commun m’est donc apparue comme une évidence !

Comment se déroule le partage des locaux entre les différents corps présents ?
La collaboration entre ces quatre forces sécuritaires se déroule à merveille ! Chaque entité dispose de son propre équipement, en particulier de son propre réseau informatique.

La police jurassienne poste Delémont
Les quatre forces de sécurité présentes à la gare de Delémont: la police cantonale, la Police des transports, l’Administration fédérale des douanes et la police municipale

Quatre ans et demi plus tard, quel bilan peut-on dresser de ce poste « multipolice  »? Quel est le bénéfice pour les usagers de la gare ?
Le bilan est très positif. Un guichet de police est à la disposition des usagers de la gare durant les heures de bureau, la présence policière a été accrue dans ce secteur un peu « chaud » de la ville de Delémont et le personnel dispose de locaux bien situés pour effectuer divers actes d’enquêtes, comme une audition, la prise d’empreintes digitales ou encore une fouille corporelle.

Nous savons que ce concept a depuis été copié ailleurs dans le pays. L’expérience de la gare de Delémont est-elle considérée comme une référence ?
À ma connaissance, il s’agit du seul poste de police en Suisse qui réunit sous un même toit quatre forces de sécurité. Je sais que des concepts similaires ont ensuite été développés en Suisse romande, mais avec moins de forces sécuritaires réunies à un même endroit.

« De nombreuses missions particulières, que nous n’aurions jamais imaginé devoir effectuer auparavant, ont été réalisées par mon personnel policier ”

L’année 2020 a été marquée par une forte mobilisation de tous les acteurs de la sécurité ; quelles ont été les principales missions de la Police cantonale jurassienne? Différaient-elles de celles d’une année « normale » ?
Assurément, l’année 2020 a été très spéciale pour la police cantonale et l’année 2021 est bien partie pour l’être aussi ! De nombreuses missions particulières, que nous n’aurions jamais imaginé devoir effectuer auparavant, ont été réalisées par mon personnel policier, comme le contrôle du respect des règles sanitaires dans les restaurants et les magasins, le contrôle du nombre de personnes regroupées à un même endroit ou encore la vérification du respect des décisions de mise en quarantaine ou en isolement. La mission la plus étonnante a sans doute été de faire tourner dans le même sens tous les visiteurs autour de l’étang de la Gruère, à Saignelégier, afin de faciliter le respect des distances ! Des missions importantes ont également été supprimées, comme assurer la sécurité du Marché-Concours, à Saignelégier, du Festival du Chant-du-Gros, au Noirmont, de la Braderie, à Porrentruy ou encore des matches du HC Ajoie, tous ces événements ayant malheureusement été annulés.

Le poste de police de la gare de Delémont est un exemple parlant de collaboration entre différents acteurs de la sécurité. Comment se déroule la coordination avec les autres forces de sécurité (armée, pompiers, Protection civile, Administration fédérale des douanes…) pendant la crise sanitaire ?
Sincèrement, la collaboration fonctionne très bien. La Protection civile est également sous mon commandement, ce qui a nous a permis une belle flexibilité dans son engagement. L’armée nous a été d’un appui fondamental, par exemple par la mise à disposition d’une compagnie sanitaire au profit de l’Hôpital du Jura ou, dès la fin de l’année 2020, pour la livraison des premiers vaccins. Lors de la fermeture des frontières, la collaboration avec l’Administration fédérale des douanes a été intense. Je pense notamment à l’ouverture à Boncourt d’un poste de douane spécialement dédié au personnel frontalier travaillant dans le domaine des soins sur territoire suisse. Cette crise nous aura au moins permis d’intensifier les collaborations avec un grand nombre de nos partenaires.