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De nos jours, construire avec de la terre peut paraître une drôle d’idée, une technique passéiste : est-ce bien solide ? Voici quelques poncifs qu’il est aisé de contredire. Rappelons tout d’abord qu’un tiers de la population mondiale se loge actuellement dans des habitations en terre, puisque ce matériau est disponible sur toute la surface du globe. Petit aperçu des techniques observées qui reviennent à la mode

La terre crue, comme son nom l’indique, n’a pas fait l’objet de cuisson, comme c’est le cas pour la brique de terre cuite. Elle peut être mélangée à divers autres matériaux naturels comme l’argile, le sable ou la paille. En fonction du mélange, les techniques de terre cuite prennent diverses appellations.

Le pisé. Il est constitué d’un mélange de terre, de sable et d’argile crue monté par tassement dans un coffrage. Étant donné sa vulnérabilité à l’eau, il faudra prévoir un soubassement ainsi qu’une belle avancée de toiture.

Le torchis. On retrouve ce mélange de paille et de terre argileuse généralement dans la construction de maisons à colombages, c’est-à-dire dotées d’ossatures de poutres en bois dont les vides sont comblés par le torchis.

Les briques de terre crue ou briques d’adobe. Depuis la nuit des temps, elles sont moulées à la main, bien que de nouvelles techniques industrielles soient maintenant utilisées pour les produire.

La bauge. Technique qui n’est plus que très peu utilisée, elle consiste à empiler des boules d’argile.

En plus des murs, la terre crue peut être utile pour la fabrication des sols à l’aide de dalles qui peuvent être compactées, étalées ou coulées.

C’est un matériau sain qui n’a subi aucune transformation

Beaucoup d’avantages
Le grand avantage de la terre crue est que c’est un matériau sain qui n’a subi aucune transformation, ce qui en fait une technique de construction entièrement écologique respectueuse de l’environnement. Sa disponibilité locale et l’absence de cuisson pour sa préparation lui confèrent un bilan carbone minimum. En outre, ce matériau est recyclable à 100 %. Pour ce qui est de son inertie thermique, ses performances sont excellentes, la terre cuite permet de réguler naturellement le taux d’humidité. En plus de n’émettre aucune substance toxique, la terre cuite peut jouer le rôle de purificateur d’air en absorbant les composés organiques volatils (cov). Finalement, c’est un excellent matériau contre les incendies, auxquels il résiste très bien.


Pour quelques inconvénients
La terre cuite souffre d’un déficit d’isolation en ce qui concerne l’eau et le gel et nécessite donc d’être complétée par un matériau isolant, ce qui implique de prévoir une fondation et une toiture adéquates. Ces contraintes techniques peuvent représenter un frein aux possibles et aux fantaisies. Le coût de production peut s’avérer relativement élevé, même si au départ la matière première est très bon marché. C’est le savoir-faire traditionnel qui fait la différence et qui augmente le coût de la construction finale. Enfin, comme cette technique n’étant que peu utilisée, elle ne fait pas encore l’objet de réglementation.


La Maison de l’Environnement à Lausanne
Inaugurée en septembre 2021, la maison accueille depuis octobre quelque 180 collaborateurs et collaboratrices de la Direction générale de l’environnement. Sa construction s’est appuyée en grande partie sur des matériaux locaux – bois et terre crue. Ce bâtiment est sans précédent, car c’est la première fois en Suisse que la construction d’un complexe administratif de cette ampleur utilise du bois et de la terre crue. Le corps central est composé de briques en terre crue contenant 95 % de terre et 5 % seulement de ciment. Photos: à gauche, atrium en terrapade. À droite, patio en pisé. Photo: ©JPF SA