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Investir dans les pays émergents… Ne nous mentons pas : quand on évoque cette option, forcément, même chez les mieux intentionnés parmi nous, une kyrielle d’idées reçues, de craintes plus ou moins fondées se retrouvent inexorablement sous les projecteurs. Rencontre avec Karim Bodian, acteur incontournable du secteur et directeur de Laycon Finance à Genève.

Au débotté et sans ordre de préférence, rentabilité incertaine, corruption et bakchichs à tous les échelons, risques politiques, infrastructures inadaptées, compétences des intervenants locaux sujettes à caution… Et j’en passe et des meilleures… Et pourtant, pourtant… comme disait le regretté Charles Aznavour. Si nous prenons le cas de l’Afrique, qui est au cœur de notre dossier, d’une part, l’état de développement de certains pays est bien plus avancé qu’on ne l’imagine et vient donc battre en brèche nombre des préconçus mentionnés plus haut; d’autre part, dans les états où «  tout  reste à faire» , des solutions existent qui permettent de largement sécuriser les investissements pour les parties impliquées.

Certains économistes peu… économes de leur cynisme affirment à qui veut l’entendre et depuis des années, que pour relancer le système, rien de tel qu’une bonne guerre, à l’issue de laquelle on pourra enfin tout reconstruire, des chantiers à perte de vue, du travail garanti pour tous et pendant des décennies…

Sans aller jusqu’à ces extrêmes, les entreprises occidentales -et suisses en particulier, puisqu’elles nous intéressent en premier lieu- ont désormais des débouchés insoupçonnés en Afrique. Le travail de Karim Bodian, directeur de Laycon Finance Swiss, est précisément de faciliter, coordonner, préparer le terrain, gérer et sécuriser le financement de projets pour ces entreprises helvétiques qui souhaitent exporter leurs biens et leurs services en Afrique en toute quiétude. Une nouvelle terre promise, un creuset d’opportunités qu’il serait inimaginable de négliger, en particulier au vu du ralentissement actuel de l’économie des pays développés. Africa, here we come!

Un homme discret

Une brève recherche sur Google vous permettra d’apprendre… pas grand-chose, tout compte fait, sur ce financier natif du Sénégal, qui préfère laisser parler les projets qu’il porte depuis des années plutôt que son ego. Nous sommes allés à sa rencontre par un beau jour d’été.

Dossiers Publics: Karim Bodian, quels sont vos liens avec la Suisse?

Karim Bodian: A la fin des années 1990, je travaillais pour l’antenne néerlandaise d’une société américaine internationale active dans les télécoms, puis j’ai créé mon cabinet qui me demandait de me rendre fréquemment en Suisse pour y rencontrer des clients, des investisseurs, des banquiers… J’ai naturellement été séduit par le sérieux et la fiabilité du système, le sens du détail, et j’y ai rapidement développé un réseau de connexions. Tant et si bien que lorsque j’ai décidé de me mettre à mon compte en 2002, il m’est apparu comme une évidence de venir m’y installer.

Si on résumait en quelques mots vos activités au sein de Laycon Finance?

Je connais très bien l’Afrique, et désormais la Suisse, et l’Europe. Je me suis aperçu de l’incroyable potentiel inexploité de synergies entre ces deux continents, dans nombre de domaines. Le cas de figure typique est celui d’un président africain fraîchement élu, qui souhaite concrétiser sa vision pour la réalisation de projets ayant un impact social et économique avéré. Il va presque systématiquement se retrouver confronté à une administration qui en général peine à accompagner d’une manière efficace et rapide des investisseurs du secteur privé. Le temps passe, le mandat électoral s’achève, et rien n’a été fait, ou si peu!

Laycon Finance se veut un trait d’union entre ses clients grâce à notre expérience dans le domaine de la finance internationale. Nous établissons le plan financier, trouvons les investissements auprès de banques mais aussi auprès de fonds en faveur du développement, nous montons le dossier jusque dans ses moindres détails grâce à nos contacts au sein des entreprises. Nous soumettons donc des projets clés en mains à nos clients! C’est la définition même du win-win!

Mon travail consiste à monter des dossiers de financement, qui sont la clé de voûte, l’alpha et l’oméga de tout projet

Karim bodian

Mais est-ce que cela ne revient pas à créer des emplois pour des étrangers au détriment des travailleurs locaux?

Non, car il y a toujours au minimum 40 % d’emplois réservés à la main d’œuvre locale, le but n’est évidemment pas de s’approprier des parts de marché sans contrepartie! Les entreprises sélectionnées participent au projet dans la supervision, l’accompagnement, et la formation. Cela permet le transfert de compétences, de know-how, et contribue à la formation des travailleurs. Sur le long, voire le moyen terme, c’est extrêmement bénéfique pour tous.

Une entreprise suisse peut-elle vraiment être compétitive sur le marché africain?

On en revient à la notion de savoir-faire, et aussi au fait que le label swiss quality est de nature à rassurer les investisseurs, de même que les clients qui y ont recours. Mon travail consiste à monter des dossiers de financement, qui sont la clé de voûte, l’alpha et l’oméga de tout projet. Par expérience je peux vous dire que les sociétés helvétiques sont dans une situation très favorable pour obtenir des mandats conséquents en Afrique. Il faut vraiment qu’elles en aient conscience! Vous imaginez ce que peut représenter un tel continent en nombre de chantiers?

Quels sont les prérequis pour une entreprise qui souhaite obtenir des mandats en Afrique?

Hormis la nécessité de répondre à un besoin, il n’y a pas vraiment de condition spécifique. Elle peut offrir des biens ou des services dans différents domaines, et naturellement présenter des garanties de « respectabilité » et de professionnalisme. Laycon Finance engage sa réputation lorsqu’elle articule un projet autour d’une entreprise. Notre intérêt est que tout se passe au mieux pour toutes les parties engagées.

Quelques exemples de ces différents domaines d’activité que vous évoquez?

Comme nous ambitionnons non seulement d’accroître la « zone de chalandise » des entreprises qui sollicitent nos services et notre accompagnement, mais aussi de favoriser le développement des pays émergents, nous avons décidé de mettre l’accent sur la réalisation de projets d’infrastructures, de production d’énergie thermique électrique et d’énergies renouvelables (géothermie, photovoltaïque, biomasse, éoliennes, etc…), qui sont des conditions sine qua non à l’essor des économies locales. C’est un peu notre notion de la finance équitable !

Mais cette liste n’est nullement exhaustive, tout projet susceptible d’apporter une réelle plus-value sur le terrain est étudié. Nous essayons d’avancer dans un esprit d’ouverture total.

Quelle est l’utilité de la SERV pour les entreprises helvétiques qui s’intéressent notamment à l’Afrique?

La SERV est l’Assurance suisse contre les risques à l’exportation, qui a des homologues dans la plupart des pays européens. C’est un établissement de droit public de la Confédération qui couvre les risques politiques et le risque commercial liés à l’exportation de biens et prestations de service. Cela permet aux entreprises exportatrices suisses de bénéficier d’une couverture en cas de défaut de paiement, de faciliter le financement des opérations d’exportation et d’obtenir des crédits avantageux ou une limite de crédit plus élevée. Toutes les entreprises dont le siège se trouve en Suisse peuvent bénéficier de ces services, dès lors que l’opération d’exportation assurée contient une certaine part de valeur ajoutée suisse. En définitive, son but est de garantir la compétitivité des exportateurs suisses et de contribuer au maintien et à la création d’emplois en Suisse.

Pouvez-vous nous parler d’une réalisation dont vous êtes particulièrement fier?

Je me souviendrai toujours du sourire irradiant de joie d’une petite fille habitant un village reculé de la Tanzanie qui n’avait jamais connu l’électricité et qui nous a remerciés simplement parce que désormais, elle n’aurait plus à étudier à la lueur d’une lampe à pétrole! Tout ce qu’en Occident, nous tenons pour acquis, que nous ne remarquons même plus, s’avère un véritable trésor pour celles et ceux qui n’en ont jamais bénéficié. Alors, quand à notre modeste mesure, nous avons l’impression d’avoir aidé une page d’histoire à se tourner, la satisfaction que nous ressentons est indescriptible !

Abidjan
La plus grande ville de la Côte d’Ivoire est également la plus peuplée de l’Afrique de l’Ouest francophone et sa principale place financière.

Qu’est-ce que la SERV ?

L’Assurance suisse contre les risques à l’exportation SERV couvre les risques politiques et le risque de ducroire (risque commercial) liés à l’exportation de biens et prestations de service. Les assurances et garanties de la SERV offrent aux entreprises exportatrices suisses une couverture en cas de défaut de paiement et facilitent le financement des opérations d’exportation. Les solutions de la SERV contribuent également à faciliter l’obtention de crédits avantageux ou une limite de crédit plus élevée pour les entreprises et les aident à préserver leurs liquidités lors de l’exportation.
Les offres de la SERV sont accessibles à toutes les entreprises dont le siège se trouve en Suisse. Le Conseil fédéral exerce une surveillance sur la SERV, il élit le conseil d’administration et définit les objectifs stratégiques pour une durée de quatre ans. La SERV travaille en tant qu’organisation autofinancée et se finance seule, par le biais de primes conformes au risque.


Le Club des investisseurs Sénégalais

S’il est basé en Suisse, ce n’est pas pour autant que Karim Bodian en oublie son pays natal, le Sénégal, loin de là !

« Ensemble, pour un secteur privé national fort! », tel est le motto de ces quelque cent hommes et femmes d’affaires sénégalais -dont Karim Bodian, vous l’aurez compris-, leaders reconnus et respectés dans leurs secteurs d’activité respectifs, et qui ont décidé d’orienter l’avenir plutôt que de le subir. Créé en juin 2018 par un groupe de chefs d’entreprises sénégalais/es conscients que l’émergence d’une nation passe nécessairement par un secteur privé fort et dynamique, le Club des Investisseurs Sénégalais (CIS) s’est donné pour mission de favoriser le développement et l’émergence de champions nationaux dans tous les domaines clés de l’économie, tels que l’agriculture et l’agro-industrie, le tourisme, les infrastructures, les services financiers, les transports, l’éducation… A la clé, donner un coup d’accélérateur à la transformation structurelle de l’économie sénégalaise.

Leur ambition? Créer une société d’investissements dotée d’un capital d’au moins 20 milliards de francs CFA (plus de 30 millions de francs suisses).

Les membres du Club des Investisseurs Sénégalais (CIS) se sont mis ensemble pour développer et promouvoir des projets structurants et à fort impact économique et social. Le CIS envisage de jouer un rôle moteur dans l’investissement privé au Sénégal, participer activement à la transformation structurelle de l’économie sénégalaise et susciter l’émergence d’entreprises de référence tous les domaines clés de l’économie.