Par fortes chaleurs, le risque pour les jeunes oiseaux de tomber du nid en fuyant la fournaise des sous-toits est accru. Nombreux sont les citoyens qui ont dernièrement contacté le Centre ornithologique de Genève (COG) pour leur venir en aide. La police vient...
Les politiciens nous l’ont répété à l’envi depuis des années : « On ne peut pas mettre un policier derrière chaque citoyen » ! Ce qui, avouons-le, est plutôt une bonne nouvelle pour les plus paranoïaques d’entre nous…
Garde du corps et directeur de deux entreprise spécialisées dans la protection et la sécurité depuis plus de 20 ans, Gustave Jourdan a fait de sa passion un métier et vit son métier comme une passion. À la tête de Sentinel Protection et Sentinel Security Systems, qui veillent à la protection des personnes et des biens, ce spécialiste chevronné répond à nos questions sur une profession exigeante et en réinvention permanente.
Gustave Jourdan, parlez-nous de l’évolution des métiers de la sécurité ces dernières années, des tendances, en matière de besoins, de demande et d’offre sur le marché. L’évolution est-elle également technologique ?
Les besoins en tant que tels demeurent relativement constants, mais la relation avec les clients est différente, la pression sur les coûts est telle qu’il y a désormais une forme de volatilité dans les partenariats. Néanmoins, je pense que ceci nous a aussi poussés à nous réinventer, à mieux nous former, et nous avons introduit de nouvelles technologies pour répondre au mieux aux attentes de nos clients.
Le secteur est très concurrentiel, avec de nombreux acteurs sur le marché et ce même si, pour le bien de tous, la réglementation est plus contraignante qu’auparavant pour qui souhaite exploiter une entreprise de sécurité. Le secteur de la sécurité ne déroge pas aux règles du marché : de facto, des monopoles, du moins des semi-monopoles, finissent par se créer. L’aspect humain, l’importance de la relation de confiance entre un client et l’entité chargée de sa sécurité, font qu’on a souvent tendance à se tourner vers des entreprises dites « réputées » et à entretenir des relations professionnelles sur le long terme.
Toutefois, de nouveaux besoins se créent également tous les jours, auxquels seules les entreprises sachant se montrer dynamiques peuvent répondre. La technologie est présente depuis très longtemps dans la branche mais il est vrai que les choses se sont accélérées ces dernières années. Elles nous permettent d’améliorer de manière significative nos prestations et l’efficacité des mesures de protection mises en place.
Est-ce un métier attractif pour les jeunes?
Attractif, pas encore. Je dirais qu’il ne l’est pas suffisamment, et pas de la meilleure des manières. Il est souvent considéré par les jeunes comme une phase transitoire ou un simple tremplin vers d’autres horizons professionnels. Ils l’exercent à titre provisoire durant leurs études ou avant d’intégrer la police, l’armée…
C’est un peu le revers de la médaille du système suisse, car notre pays accuse un retard indéniable sur les pays européens, où le secteur offre bien souvent un véritable cursus allant du CFC au BAC + 5, avec de vrais débouchés.
La plus-value d’une société de sécurité privée par rapport à la police ?
Nous nous plaçons principalement dans une perspective dissuasive, a contrario de la police qui, elle, est davantage orientée sur une vision « répressive ». In fine, nous sommes très complémentaires et le serons de manière croissante à l’avenir. Cela implique un coût, certes, mais c’est un investissement judicieux, car il correspond à de réels besoins (analyse de risque, services sur mesure, etc.). Au-delà de la tranquillité acquise, la protection est aussi imposée par la législation, et par les assurances qui exigent parfois le recours à une société de surveillance, ainsi que la mise en place de moyens techniques et structurels spécifiques.
Avez-vous noté un changement en matière d’insécurité depuis la fermeture des postes de douane? Une recrudescence des bandes venues de l’étranger?
Il faudrait poser la question aux services de police, qui sont plus à même de répondre, mais si la libre circulation a facilité tous les échanges légaux, elle a aussi profité à ceux qui le sont moins… Dans une Europe qui se paupérise, notre réputation de pays riche est sans doute un facteur plus déterminant que la suppression des postes-frontières pour ce qui a trait à la criminalité venue de l’étranger.
Comment voyez-vous les métiers de la sécurité dans 10 ans?
La technologie aura certainement un rôle toujours croissant, notamment en raison de la démocratisation de l’IA (intelligence artificielle), peut-être encore davantage de délégation de « pouvoir » de l’État vers le secteur privé, et, je l’espère, une vraie filière de formation aux métiers de la sécurité. Quoi qu’il en soit, le besoin en matière de sécurité privée sera toujours présent, et devrait conduire à une évolution des prestations proposées. Se montrer réactifs, voire anticiper les besoins de nos clients, est clairement une nécessité pour pouvoir perdurer dans un secteur toujours plus concurrentiel, comme on le disait.