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Agnès Petit, l’étoile montante de la scène de la construction brille par son approche innovatrice. Elle a créé Mobbot, une start-up qui a pour ambition de développer et commercialiser des systèmes d’impression 3D de structures de béton, une technologie unique en son genre. L’ère de la pierre est révolue.

Parmi de nombreux pôles d’innovation en matière de construction, Mobbot se distingue. Cette jeune pousse fribourgeoise a été fondée en 2018 par Agnès Petit, lorsqu’elle développe une imprimante 3D qui permet d’imprimer toute sorte d’éléments de béton beaucoup plus rapidement que la concurrence. La technologie de fabrication additive brevetée par Mobbot repose sur l’utilisation du béton projeté dirigé par un robot industriel et contrôlé de façon automatisée en temps réel. Le système permet de fabriquer des éléments d’une tonne de béton en 10 minutes, d’économiser des frais de construction et de réduire le délai de livraison d’éléments taillés sur mesure, le tout avec 30% d’émissions de CO2 en moins, par rapport aux méthodes traditionnelles. De plus, le petit robot mobile est capable d’imprimer les structures en béton, en préfabrication, ou directement sur un chantier. En tenant compte du contexte digital, cette innovation incontournable séduit d’autant par sa flexibilité que par son efficience, et ouvre la voie à une amélioration au sens large du secteur de la construction du bâtiment.

L’idée de créer Mobbot a germé pendant qu’Agnès Petit travaillait dans le monde de l’industrie, notamment chez le géant cimentier Holcim et chez Creabeton Matériaux. Selon elle, il était temps d’entrer dans le monde numérique et de réaliser des impressions 3D en béton : « Les coffrages en bois traditionnels, trop rigides, ne permettent pas de créer des formes particulières rapidement et à moindre coûts. Quant à la fabrication de coffrage imprimés en 3D, elle demande beaucoup de matière première et génèrent autant de déchets. »
Lauréate du prix Isabelle Musy
À peine lancée dans son projet de start-up, Agnès Petit a remporté le Prix Isabelle Musy 2018 de l’EPFL – sous la forme de 50 000 francs – qui récompense une femme entrepreneur active dans le domaine des sciences et des technologies. Désignée gagnante parmi une dizaine de finalistes, elle a su convaincre les membres du jury avec son idée de rendre accessible la fabrication numérique et l’impression 3D en béton pour les sociétés de construction, dans le but notamment de raccourcir la durée des chantiers et de limiter les nuisances y associées. Pour ce faire, un robot mobile, facile à transporter, serait programmé pour construire l’ouvrage en béton sur place, selon les mesures exactes du terrain. Agnès Petit poursuit : « Habituellement vous avez un architecte qui fournit des plans sur papier à l’entreprise de construction qui, elle, dessine des plans 2D avant de s’atteler à la fabrication du coffrage. Cela demande du temps, des ressources, avec l’inconvénient de devoir encore adapter le coffrage sur le terrain. Ma vision consiste à éliminer toutes ces étapes pour passer directement au béton, sans dessins, sans coffrages. »

Forte de sa reconnaissance, Agnès Petit est sur la bonne voie, car l’étoile montante de la scène de la pierre, vient d’annoncer la mise en place d’une collaboration d’importance avec Matériaux Sabag, la société jurassienne active dans la fabrication et le commerce de matériaux de construction. À l’heure actuelle, les deux entreprises unissent leurs forces pour entreprendre la production de structures imprimées en 3D par projection de béton dans des ateliers flambant neufs à Delémont, ainsi Matériaux Sabag devient le premier partenaire à déployer le système MOBBOT en Suisse. Grâce à cette association, la technologie proposée par Mobbot révèle pleinement tout son potentiel. Conçu pour produire des pièces de grandes dimensions, en un temps record, avec la possibilité de modifier un projet jusqu’à la dernière minute, il est parfaitement compatible avec les standards en vigueur. Sans utilisation de coffrages, les structures en béton armé fabriquées par le robot mobile s’intègrent avec aisance dans l’écosystème de la construction existant.

« Il faut sans cesse en savoir plus que les hommes, je devais être une véritable encyclopédie car on ne pardonne rien aux femmes dans ce milieu »


Choix judicieux
Avec sa capacité d’adaptation et sa rapidité inégalées sur le marché actuel, Mobbot peut s’avérer être un choix judicieux pour le fabricant d’éléments en béton au bénéfice d’une expérience reconnue dans ce domaine très pointu. Matériaux Sabag se positionne en véritable précurseur en introduisant la production digitale d’éléments en béton dans sa nouvelle usine. D’après Cédric Theubet, Chef d’exploitation, « Nous serons ainsi en mesure de répondre à des demandes express et offrir à nos clients une grande flexibilité, répondant aux impératifs des chantiers. » Doté d’un grand réseau de partenaires bien établi dans le secteur des infrastructures et un savoir-faire unique, la plus-value pour leurs clients, apportée par la technologie Mobbot, réside notamment dans son bilan carbone, jusqu’à 30% en moins, en privilégiant d’une part la préfabrication sur mesure et d’autre part l’utilisation de matière première issue d’une exploitation locale. Un projet novateur, Mobbot fait le lien entre maquette numérique et le monde réel de la construction et fournit une solution technologique qui permet une production durable car l’impact CO2 est drastiquement réduit.

Aucun doute. Agnès Petit a créé un projet en béton, au sens propre comme au sens figuré. L’avenir de l’entreprise fribourgeoise semble assuré. Audacieuse, sa fondatrice a voulu changer et révolutionner un secteur, il faut le dire, peu féminin. Résultat, elle a tout simplement brisé « le plafond de verre ». Lors d’une interview dans le journal, Le Temps, elle a confié : «   Il faut sans cesse en savoir plus que les hommes, je devais être une véritable encyclopédie car on ne pardonne rien aux femmes dans ce milieu. » Cette passionnée d’aviation – elle dispose d’un brevet de pilote – et d’astronomie, a obtenu un doctorat en Cosmochimie à l’EPFZ, et a toujours mené carrière dans les milieux typiquement masculins. Toutefois, l’ingénieure avoue que cette voie est risquée et que l’échec est tout à fait possible, mais cela ne lui fait pas peur. Bien évidemment. Du fait de son expérience solide du terrain et de sa passion pour le monde planétaire, le parcours atypique de l’entrepreneuse nous rappelle la fameuse citation : « Visez toujours la lune, car même si vous la manquez, vous atterrirez parmi les étoiles. »