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DomoSafety, une start-up issue de l’EPFL, a développé des outils d’aide à la décision à destination des professionnels de la santé. Ces outils intègrent des objets connectés installés à domicile, et permettent de suivre au plus près la santé de l’occupant.

En profitant des technologies de l’information les plus modernes, la solution de DomoSafety place les seniors au centre. Avec un système capable d’analyser la fréquence respiratoire, des battements cardiaques, des activités de la vie quotidiennes, de la qualité de sommeil, et d’anticiper une chute ou de prévenir une insuffisance cardiaque, l’entreprise vise à préserver leur autonomie et la qualité de vie à la maison le plus longtemps possible. Interview avec Guillaume DuPasquier, co-fondateur et directeur.

Guillaume DuPasquier, comment a germé l’idée de créer une société axée sur la domotique en milieu des soins ?
J’ai vécu personnellement une situation difficile avec ma propre famille. Mes deux grand-mamans et mon papa sont morts dans un EMS, ou dans un hôpital. Dans chacun des cas, les informations n’ont pas « transité » entre l’infirmière à domicile, le médecin traitant et l’hôpital. En plus d’interminables aller-retours entre le domicile, l’EMS et l’hôpital, sans un réel suivi et une coordination efficace. Venant de l’EPFL et des systèmes de communication, je me suis dit qu’il était possible de faire mieux pour apporter des solutions pour que les aînés puissent rester le plus longtemps possible à la maison. Nous étions en 2012, et il était clair qu’il manquait des outils pour permettre de passer les informations d’une personne à l’autre, de manière simplifiée. À cette époque, il n’y avait que peu d’options sur le marché, alors nous avons décidé d’aller à la rencontre des gens du terrain, infirmières, médecins, personnes âgées et familles, afin de tenter de comprendre la problématique, et très vite, nous avons eu la chance de collaborer avec l’Association Vaudoise des Soins à Domicile dont le directeur était très ouvert à tester des nouveautés.

Commercialisé depuis 2017, DomoSafety a déjà convaincu la Croix-Rouge, Presti-Services
à Genève et le Réseau santé et social de la Gruyère à Fribourg. Qu’en est-il du canton de Vaud ?

Nous sommes très bien intégrés dans le Canton de Vaud. Actuellement, nous collaborons avec plusieurs organismes, notamment avec les soins à domicile publics et privés, la Solution dans le Nord Vaudois, Qualis Vita, Permed et Home Assistance ici, à Lausanne. Nous travaillons également avec la Fondation Silo, et la Fondation Saphir et nous équipons des résidences seniors. Par exemple, notre système est installé dans un concept appelé SMARTGénérations à Renens, qui allie les étudiants et les seniors qui cohabitent dans les mêmes immeubles et peuvent s’entraider.

La domotique fait partie d’un écosystème avec la personne âgée au centre qui apporte de la sécurité

Guillaume Dupasquier, CEO de Domosafety

La gamme de produits Domo

En Suisse le nombre de personnes âgées de plus de 65 ans va doubler d’ici à 2050, quel potentiel
la domotique a-t-elle pour résoudre le problème du vieillissement de la population ?

La domotique fait partie d’un écosystème avec la personne âgée au centre qui apporte de la sécurité, en détectant notamment des chutes, ou une personne souffrant d’Alzheimer qui peut, parfois, sortir de son appartement à 3 h du matin, car elle confond le jour et la nuit. Grâce à nos systèmes, dès que la personne sort de ses routines quotidiennes, une alerte est donnée à une centrale d’alarme qui peut ensuite appeler les secours en cas d’urgence vitale. Les informations pertinentes sont intégrées dans un dossier patient afin de gérer son parcours de santé. Combiné avec les objets connectés et les appareils médicaux connectés qui prennent la fréquence respiratoire et le rythme cardiaque, notre concept de domotique-télémédecine permet de maintenir un suivi entre les soins à domicile, le médecin, et l’hôpital. Avec DomoSafety, les aînés restent entre 6 mois et 5 ans de plus à la maison.

Que répondez-vous à ceux qui déplorent le remplacement de l’humain par l’AI, et l’obsolescence des connaissances en milieu des soins ?
C’est une bonne question, je pense qu’aujourd’hui c’est le contraire. Nous sommes en manque de ressources humaines dans le domaine de la santé. Chaque année, il faudrait à peu près 600 à 1000 nouveaux personnels soignants pour combler le manque de personnel notamment dû au vieillissement de la population, et la complexité dans les soins.

Pour pallier ce manque de ressources, il faut rendre le système de santé plus efficace avec un meilleur partage de l’information afin de mieux cibler les risques, mieux réagir et éviter des situations complexes à domicile et prévenir des hospitalisations. La technologie va plutôt apporter les nouvelles connaissances, des outils intéressants, des formations supplémentaires et augmenter les connaissances du terrain.