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La directrice de la Trust Valley, Lennig Pedron, revient pour Dossiers Publics sur les raisons qui l’ont amenée à prendre la tête du projet innovateur et nous fait un bilan après un semestre d’activité. Elle détaille les rapports qui lient la Trust Valley avec les entreprises concernées, plus particulièrement avec les start-up, dans le cadre du programme Tech4Trust, et conclut sur l’impact pas nécessairement négatif qu’a eu la pandémie de Covid-19 sur notre société numérique en devenir.

Madame Pedron, pourriez-vous nous dire quelques mots sur votre parcours et ce qui vous a amenée à diriger la Trust Valley ?
Depuis plus de 15 ans, je m’intéresse aux questions liées aux humanités numériques, à la cybersécurité et à la confiance numérique. Il y a quatre ans, j’ai par ailleurs cofondé et je suis devenue présidente d’une organisation non gouvernementale basée à Genève, à l’EPFL Innovation Park et en Europe qui fédère une communauté internationale travaillant sur la confiance dans le cyberespace. J’ai trouvé intéressants l’initiative d’un PPP (partenariat public-privé) dans ce domaine et les fondements du projet de départ qui ont mené à la création de la Trust Valley et j’ai accepté le défi  !

La Trust Valley, c’est quoi, exactement ?
La Trust Valley est un pôle d’excellence lémanique dans la confiance numérique et la cybersécurité né pour fédérer un écosystème unique de plus de 300 organisations et 500 experts qui s’est créé naturellement au fil des années dans la région. Sa mission est de promouvoir, connecter et mettre en réseau les acteurs publics et privés du secteur dans le but d’innover, faciliter l’attrait et l’éclosion de talents, de start-up, de monter des projets collaboratifs entre ces acteurs dont les fondateurs sont les cantons de Vaud et de Genève, l’IHEID, la HEIG-VD, la HES-SO Genève, l’EPFL, l’UNIGE, l’UNIL, l’ELCA, le GCSP, Kudelski, SGS, SICPA et Wisekey. Un des objectifs est de mettre en place des alliances stratégiques pour des actions concrètes. Les capitaines d’industrie de la région, aussi bien locaux qu’internationaux, se sont alliés pour construire ensemble ce pôle de compétences et favoriser l’éclosion de projets novateurs avec déjà un succès : le programme d’accélération de start-up Tech4Trust .

Quelles sont les entreprises qui peuvent adhérer à l’initiative de ce projet et que pouvez-vous leur apporter concrètement?
Toutes les entreprises lémaniques et d’outre-Sarine peuvent adhérer à la Trust Valley si la confiance numérique et la cybersécurité sont leur cœur de métier, mais pas seulement : les organisations qui souhaitent s’informer, explorer des actions concrètes, développer un projet, progresser dans ce domaine peuvent également bénéficier de l’écosystème de la Trust Valley comme facilitateur et « boosteur ». La Trust Valley permet de mettre en relation les acteurs clefs sur le marché, de gagner du temps pour la mise en place de projets concrets et d’être plus compétitifs.

La Trust Valley a été annoncée en juin 2020 et lancée officiellement en octobre 2020. Quel bilan en tirez-vous après six mois d’activité ?
Cette alliance pour le développement économique de la région a déjà permis de mutualiser les moyens des partenaires dans le domaine de la confiance numérique, de positionner et de donner une résonance à la région lémanique. Aujourd’hui, d’autres industriels suivent le mouvement impulsé par les fondateurs. En effet, depuis l’annonce du lancement il y a dix mois, cette initiative est devenue un partenariat public-privé activement soutenu par les capitaines d’industrie, des PME, de grands groupes, des start-up et des scale-up. De nouveaux partenariats stratégiques sont en cours de discussion. Des alliances ont été mises en place comme avec AdNovum, Aequivalent, le Cyber Peace Institute, Exoscale, eXperts Solutions, Fortinet, Kyos, MSF Partners, les Transports lausannois, SCRT, Swisscom, la scale-up Sysmosoft, Uditis, Yes We Hack et côté suisse alémanique Sygnum Bank… Mais encore, depuis juin dernier, 36 organisations ont été ajoutées à la cartographie lémanique. Le 1er projet concret de la Trust Valley, le Tech4Trust  , a terminé fin mars sa 2e édition en ayant boosté tout l’hiver 27 entreprises.

« La pandémie a accéléré la transition numérique de notre économie et de notre société ”

Trust Valley Lennig Pedron  Tech4Trust

Certains partenaires de la Trust Valley Elca, Kudelski, SICPA, l’EPFL, la HEIG-VD et l’UNIL, soutiennent le programme Tech4Trust. En quoi consiste-t-il?
Le programme d’accélération suisse Tech4Trust  a pour objectif, durant six mois, de booster les 27 start-up sélectionnées, de mettre en place des partenariats stratégiques, d’affiner leur mise sur le marché, d’améliorer leur approche clients par le biais du réseau, de coachs, de mentors et d’un conseil consultatif de haut niveau de plus de 30 membres. En outre, les start-up présentent leurs produits grâce à un « Tour de Suisse » au cours de 8 événements à Lausanne, à Zoug, à Zurich, à Genève, dans le Valais, à Yverdon, à Fribourg, et enfin à l’international, aux USA, en collaboration avec swissnex San Francisco, S-GE et avec la participation de 10 start-up sélectionnées, en présence de la présidente de Mozilla, Mitchell Baker, et d’Yves Daccord…

Selon vous, le Covid-19 a-t-il eu un impact sur l’évolution des projets technologiques et numériques ?
Oui, un fort impact. La pandémie a accéléré la transition numérique de notre économie et de notre société. Elle a rendu visible sa dépendance à des infrastructures et à des services numériques devenus critiques. Alors que le télétravail a participé à éviter une crise économique d’ampleur et a maintenu la scolarisation de milliers d’élèves, elle a aussi rendu des initiatives comme la Trust Valley essentielles. Le numérique avant la crise était déjà dans les préoccupations étatiques, académiques et industrielles mais avec les confinements successifs, le numérique s’est révélé un besoin essentiel. Au même titre que la nourriture ou la santé pour que notre quotidien continue de fonctionner. C’est devenu une préoccupation majeure. Les petites entreprises luttent aujourd’hui pour leur survie et n’ont pas les forces pour se projeter quant à leur protection numérique. Une majorité d’organisations ne disposent pas du niveau de préparation et des protections les plus élémentaires.

Nous sommes de plus en plus dépendants les uns des autres. L’économie numérique mondiale atteint les 19 trillions CHF/an, soit 22,5  % du PIB. Il est nécessaire pour notre région de mutualiser les efforts pour permettre le bon développement du numérique en prenant en compte la cybersécurité. Nous devons avoir confiance en nos technologies qui ne doivent pas être un frein mais bien au contraire un accélérateur pour le développement économique.