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Partout les nouveaux modes de déplacement urbains s’imposent irrésistiblement. Quand les élus réfléchissent aux bonnes mesures à adopter, les initiatives commerciales se multiplient.

Au cœur d’un véritable boum en Suisse, les deux-roues électriques ont vu leur nombre multiplié par 20 au cours des dix dernières années. Un succès qui, selon l’Administration fédérale des douanes (AFD), représente désormais près de 80% du parc de motocycles importés. Problème: alors que vélos avec assistance au pédalage, monoroues, Segways, skate à moteur, Smartwheel ou e-trottinettes encombrent les pistes cyclables, faisant naître des polémiques autour de leur vitesse excessive et de leur dangerosité, les autorités tardent à légiférer. Un atermoiement dommageable lorsque la population réclame l’accès à ces engins en libre-service ou que les CFF testent un dispositif en free-access à Berne ou Zurich.

Une frontière qui force à réfléchir
Accidents en série et véhicules en location laissés abandonnés sur la chaussée. Voies cyclables ou bien vertes congestionnées d’engins filant à pleine vitesse, et cyclistes voyant leur confort dangereusement diminuer. Alors que nombre de modèles électriques ont bondi à près de 165 000 unités en 2018, selon l’AFD, les modèles ne pouvant excéder 25 km/h ne sont toujours soumis à aucun encadrement légal. Un manquement cruel quand plus de 800 accidents leur sont directement imputés en 2017, soit une hausse de 2260% en sept ans! Légiférer est donc devenu une priorité. En mai dernier, le député MCG Florian Gander prenait l’initiative, déposant une motion au Grand Conseil genevois visant à mieux encadrer la circulation des véhicules électriques de moins de 25km/h. Pour piste de réflexion, d’abord: identifier la nature même de la trottinette électrique. Car à son bord, «est-on piéton ou cycliste?», comme le demandait l’architecte et urbaniste Ariane Widmer, ex-directrice de l’entité Stratégie et développement de l’Ouest lausannois. «Ce point n’est pas tout à fait clair, jugeait-elle en effet au micro de la RTS. Il y a une espèce de frontière qui nous oblige à réfléchir.» Pour mode de prévention, ensuite: «que tout le monde puisse avoir la même connaissance du code de circulation routière, selon Florian Gander, et puisse le mettre en pratique afin de se comporter comme un citoyen correct sur les routes.»

Alors que le nombre de modèles électriques a bondi à près de 165 000 unités en 2018, ceux ne pouvant excéder 25 km/h ne sont toujours soumis à aucun encadrement légal.


Permis de conduire, plaque d’immatriculation, casque, rétroviseur ou, pourquoi pas, gilet de sécurité: demain, est-ce là la panoplie que le législateur rendra obligatoire pour les engins électriques de moins de 25km/h? On l’ignore encore. À cette heure, le Grand Conseil genevois doit d’abord avaliser le texte avant de le transmettre au Conseil d’État. Ceci fait, les autorités fédérales seront plus tard amenées à modifier (ou pas) la Loi sur la circulation routière.

Vers une guerre du libre-service?
Mais répétons-le: l’affaire presse. Pour des questions de sécurité évidente, bien entendu. Mais aussi pour des raisons commerciales. En effet, si Genève a pour le moment renoncé à autoriser les trottinettes électriques en libre-service, préférant miser sur le développement d’un réseau de cycles en free-access annoncé pour le printemps 2020, Zurich, Berne et Bâle s’y sont déjà essayés. Et avec succès! Confiée aux entreprises californiennes Lime et Bird, l’initiative séduit d’emblée par la souplesse de son système de location (free floating). Ici, zéro borne fixe. Mais une application à l’aide de laquelle l’utilisateur géolocalise un véhicule grâce à son smartphone, le réserve, le déverrouille et l’emprunte. Coût: un franc. Puis 30 centimes par minute. Une fois l’utilisation achevée, l’engin se dépose où on le souhaite. Nouveauté ici: à la demande des municipalités, et afin de ne pas répéter les épisodes catastrophiques déjà constatés à Paris ou à San Francisco, les sociétés de location sont tenues de collecter et de stocker les e-trottinettes chaque nuit. Une fois rechargées, elles sont remises à disposition dès le matin dans les lieux stratégiques du centre-ville.

Marché dynamique et lucratif, la mise en libre-service de véhicules électriques attise l’appétit d’acteurs puissants.


Marché dynamique et lucratif, la mise en libre-service de véhicules électriques attisent maintenant les appétits d’acteurs puissants. Parmi eux: les CFF qui, en partenariat avec l’entreprise Ibion, une marque de cablex (filiale à 100 % de Swisscom) et l’entreprise berlinoise de trottinettes électriques Circ, ont lancé en gare de Zurich une offre-pilote d’e-trottinettes disponibles à la location. L’idée: là encore, limpide. À la descente du train, après avoir effectué sa réservation par le biais d’une application, le pendulaire peut enfourcher un véhicule électrique laissé à disposition sur un parking réservé à cet effet. L’utilisateur sera ensuite libre de déposer le véhicule emprunté où bon lui semblera. Qu’il soit jugé concluant, jurent les CFF, et le dispositif sera ensuite étendu à d’autres agglomérations suisses. Dans l’intervalle, le Touring Club Suisse (TCS) se sera aussi positionné sur ce marché. En partenariat avec les émissions de protection de consommateurs Kassensturz et A Bon Entendeur, il a testé sept modèles sous l’angle de la sécurité, des caractéristiques techniques, de l’ergonomie et de la qualité. En vue, une offre élargie bientôt proposées à ses clients.