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Exit 2G, 2G+ et 3G. Depuis le 17 février, sur décision du Conseil fédéral, la plupart des mesures anti-coronavirus ont été levées en Suisse. Le port du masque obligatoire est abrogé dans les magasins, les restaurants ainsi que tous les espaces intérieurs publics et le lieu de travail. L’isolement des personnes positives ainsi que le port du masque obligatoire dans les transports publics et dans les établissements de santé sont toutefois en vigueur au moins jusqu’à fin mars

Après quasiment deux ans de restrictions qui ont vu la santé mentale des jeunes se détériorer, les contacts étroits entre les personnes âgées résidant dans les EMS et leurs proches se déliter, l’hôtellerie, la restauration et les branches de la culture et des spectacles se fragiliser, les séances entre collègues se faire via Zoom, la levée de ces mesures a fait plonger la Suisse dans une ambiance de décrispation. Le peuple a tombé le masque. Enfin ! Et il est euphorique. Aussitôt après l’enterrement de première classe du « pass », bars, discothèques, parcs d’attractions, pistes de ski et autres lieux publics ont été pris d’assaut. Ce sourire, que nous ne pouvions plus voir à cause de ce bout de tissu protecteur du point de vue sanitaire mais qui n’a pas son pareil pour plomber le moral, est de nouveau là. Le bout du tunnel est là. Le retour à la normalité se profile.


Sur le plan économique, malgré les prévisions catastrophiques de récession annoncées au printemps 2020 lorsque le virus parti de Wuhan, en Chine, a gagné le monde entier et que le Conseil fédéral a qualifié la situation d’« extraordinaire » au point de devoir imposer des restrictions drastiques, la Suisse a fait preuve de résilience. En 2021, l’économie suisse a connu une croissance de 3,5 %. Les prévisions la donnaient en perte de vitesse en fin d’année, mais l’institut de conjoncture BAK Economics vient de procéder à des ajustements pour 2022. BAK Economics table désormais sur une augmentation du produit intérieur brut de 3,1 % en raison de la diminution de l’impact du COVID-19 sur l’économie.

Le peuple a tombé le masque.

Enfin ! Et il est euphorique

Mais il convient de remarquer que cette résilience n’aurait pas été de mise sans la perfusion financière assurée par Berne dès les premiers soubresauts de la tempête sanitaire. Rien qu’entre 2020 et 2021, afin d’éviter les licenciements, maintenir l’emploi et assurer les salaires et les liquidités des entreprises la Confédération a injecté quelque 100 milliards de francs destinés à différents groupes de bénéficiaires.


Une nouvelle dynamique est donc en cours. Toutefois, pour pouvoir se projeter dans le futur, il faut tirer les leçons du passé. Tirer les leçons du passé, c’est garder à l’esprit le ballet confinements-déconfinements, restrictions-levées des mesures, hausse-baisse des hospitalisations et des contaminations qui ont imprégné la crise sanitaire. C’est pour cette raison que malgré l’embellie qui s’esquisse, la faîtière Economiesuisse se montre particulièrement prudente. « Il convient de prendre des dispositions dès maintenant pour les prochains trimestres. Il s’agit entre autres de surveiller la situation épidémiologique par des tests sur les eaux usées et des enquêtes représentatives par échantillonnage. Il faut également profiter de cette période pour tirer les leçons des erreurs commises ces deux dernières années, définir les mesures nécessaires et les mettre en œuvre afin d’être prêts à affronter une éventuelle nouvelle vague à l’automne », a prévenu Cristina Gaggini, directrice romande d’Economiesuisse. C’est aussi ça le prix à payer pour un retour à la vie d’avant.

Le mea culpa d’Alain Berset

Alain Berset

« Il faut agir aussi vite que possible, mais aussi lentement que nécessaire. » Presque deux ans après sa phrase culte marquant le début de la crise sanitaire, Alain Berset a accordé un entretien-bilan à Blick sur le
COVID-19. « Je pense que nous avons hésité trop longtemps au sujet des masques », a regretté le conseiller fédéral en faisant allusion à la gestion du début de la crise sanitaire au printemps 2020. Même s’il a le cuir épais, l’élu fribourgeois a admis avoir vécu des moments « très difficiles à supporter », notamment en raison du « climat de haine, de violence et de menaces » de certains citoyens fermement opposés à des mesures qu’ils estimaient liberticides ou des mauvaises surprises liées aux mutations du virus. Et en cas de prochaine crise majeure ? Selon Alain Berset, il faut maintenir la collaboration avec les scientifiques. Mais avant tout, le conseiller fédéral indique qu’il faut, à présent, « analyser ce qui a bien fonctionné et ce qui n’a pas fonctionné ».