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Michel Joye, directeur des Transports publics de la région lausannoise (tl), dirige depuis 20 ans une entreprise qui compte aujourd’hui plus de 1500 collaborateurs. Il répond à nos questions sur sa gestion de la crise sanitaire et sur les changements à venir.

Comment le rythme des tl (Transports publics lausannois) a-t-il évolué au fil de la crise  ?
Michel Joye : Nous avons adapté notre offre au fil de l’évolution de la situation et des besoins particuliers notamment autour du m2 et de la desserte du CHUV. Au plus fort de la crise, pendant le semi-confinement, le plus grand défi était la protection. La protection de nos collaborateurs et aussi la préservation des équipes clés pour le fonctionnement du m2, par exemple les opérateurs du centre de gestion du trafic. La protection des clients, en particulier sur le m2 qui emmènent les collaborateurs du CHUV sur leur lieu de travail. Nous avons monitoré le trafic, chaque jour, pour chaque rame et pour chaque inter-station, pour assurer au mieux la distance sociale. Cela nous a conduit à mettre par exemple en service des navettes bus en complément entre les stations Ouchy-Olympique, Lausanne-Gare et CHUV.

« Mais après chaque crise, il y a des opportunités »

Michel Joye, directeur des tl

Ensuite, nous avons accompagné le déconfinement par étape en renforçant nos horaires dès le 27 avril et en diffusant une campagne de sensibilisation portant les messages de co-responsabilité et de solidarité des voyageurs pour la protection maximale de toutes et tous. Cette campagne « Responsables ensemble » nous a accompagné dans toutes les phases de l’assouplissement du confinement jusqu’au rétablissement complet de notre réseau de transports publics en juin. C’était très important pour nous d’entretenir le dialogue avec nos clients et de les rassurer dans cette période difficile.

Auriez-vous des chiffres à nous communiquer ?
Après être descendu à 15 % de la fréquentation habituelle pendant la période de semi-confinement, nous étions à la mi-juin autour de 55 %. La tendance de la fréquentation est clairement à la hausse, les clients reprennent confiance. Nous prévoyons une augmentation linéaire pour atteindre 90 % de la fréquentation habituelle à la fin de l’année.

Avec les transports publics limités et non préconisés durant la crise, vers quel type de transport pensez-vous que les Suisses vont se tourner à présent ?

Les fondamentaux n’ont pas changé. La crise climatique demeure un enjeu majeur et le transport public reste l’unique moyen de transports permettant de déplacer de grandes quantités de voyageurs, avec une excellente efficience énergétique et une faible consommation d’espace. J’aime bien rappeler qu’une file de voiture de 500 m représente sur la route l’équivalent d’un bus plein. En quelques mois, nous avons tous changé nos habitudes et pas seulement dans le domaine de la mobilité. Elles vont encore évoluer mais nul ne sait comment aujourd’hui. Pour regagner la confiance des clients, il faudra en revanche faire évoluer la proposition de valeur du transport public. En trois mots plus d’espace dans les véhicules, plus de netteté et plus de considération pour le voyageur individuel dans son déplacement.

A long terme, pensez-vous que l’on puisse revenir au niveau de mobilité en transports en commun précédant la crise ?
C’est certain que la fréquentation devrait être impactée par la pandémie. Cela prendra de longs mois pour retrouver la fréquentation de début mars, peut-être jusqu’en 2021. Il en va de même pour toute l’industrie des services qui est très dépendante des habitudes des gens. Mais après chaque crise il y a des opportunités. La capacité offerte et la qualité du service à l’heure de pointe ont été un sujet sensible. Les nouvelles habitudes de travail pourraient contribuer à amortir cette problématique. Dans cette idée, nous avons d’ailleurs lancé mi-mai un nouveau service, permettant d’identifier le taux d’occupation des véhicules pour accompagner les voyageurs dans la préparation de leur déplacement et éviter les heures de pointe lorsque c’est possible.