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L’Organisation mondiale du commerce, basée à Genève, a depuis le 1er mars, une nouvelle directrice: Ngozi Okonjo-Iweala. Son élection est une grande première pour l’institution et reflète l’avancée de la parité dans le monde, particulièrement en Afrique.

Ngozi Okonjo-Iweala, l’ancienne ministre nigériane des Finances, a pris ses fonctions de directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce ce 1er mars. Elle est ainsi la première Africaine et la première femme à diriger l’organisme qui régit le gendarme commercial mondial. « C’est un moment très important pour l’OMC », avait déclaré David Walker, son président du Conseil général, réagissant à sa nomination en février durant une conférence online. Pour lui répondre, Okonjo-Iweala a promis de relever les défis économiques et sanitaires mondiaux provoqués par la pandémie de Covid-19, se disant « honorée » d’avoir été choisie pour diriger l’organisation. « Une OMC forte est vitale si nous voulons nous remettre complètement et rapidement de la dévastation provoquée par la pandémie de Covid-19. J’ai hâte de travailler avec les membres pour façonner et mettre en œuvre les réponses politiques dont nous avons besoin pour relancer l’économie mondiale », a-t-elle dit, avant d’ajouter: « Notre organisation est confrontée à de nombreux défis, mais en travaillant ensemble, nous pouvons collectivement rendre l’OMC plus forte, plus agile et mieux adaptée aux réalités d’aujourd’hui ».

Qui est Ngozi Okonjo-Iweala?
Ngozi Okonjo-Iweala est une économiste nigériane dont la carrière dans le développement et la finance s’étend sur plus de quatre décennies. Ministre des Finances du Nigeria pendant deux mandats consécutifs, d’abord de 2003 à 2006, puis de 2011 à 2015, elle a également été la première femme à occuper ce poste dans son pays. Okonjo-Iweala a été aussi ministre des Affaires étrangères du Nigeria après son premier mandat en tant que ministre des Finances, devenant à nouveau la première femme à occuper ce poste. Si elle ne l’a été que pendant deux mois, ce fut assez pour se tailler une solide réputation de négociatrice acharnée, jouant un rôle déterminant dans la réduction de la dette du Nigeria. Okonjo-Iweala a par ailleurs passé plus de 20 ans à travailler avec la Banque mondiale, où elle est devenue directrice générale de l’organisation, supervisant au total 181 milliards de dollars d’opérations.

L’arrivée d’Okonjo-Iweala au sommet de l’OMC intervient quelques mois à peine après que l’administration Trump avait décidé de bloquer sa candidature en soutenant à sa place la ministre sud-coréenne du Commerce, Yoo Myung-hee, qui s’est finalement retirée de la course début février. Okonjo-Iweala reprend maintenant une organisation qui fait face à une multitude de défis qui l’ont entravée ces dernières années, par exemple l’épineuse gestion des frictions croissantes entre les superpuissances économiques que sont les États-Unis et la Chine.

Nous pouvons collectivement rendre l’OMC plus forte, plus agile et mieux adaptée aux réalités d’aujourd’hui ”

Ngozi Okonjo-Iweala

Ngozi Okonjo-Iweala et la pandémie de Covid-19
La nouvelle directrice de l’OMC a été pendant quatre ans la présidente du conseil d’administration de GAVI, l’Alliance du vaccin. Là, elle a œuvré pour une meilleure diffusion de la vaccination à travers le monde, en particulier pour les populations vulnérables. Elle reconnaît le rôle que l’OMC doit jouer dans ce domaine, en particulier pendant la pandémie de Covid-19. Après sa nomination à l’OMC, Okonjo-Iweala a déclaré que sa priorité serait de se concentrer sur les conséquences de la pandémie, en particulier dans les secteurs de l’économie et de la santé. Selon elle, les tâches urgentes comprennent une meilleure efficacité dans l’approvisionnement et la commercialisation des vaccins contre le Covid-19 au niveau international. Elle est pour la levée des restrictions à l’exportation sur les fournitures et les vaccins et l’encouragement à la fabrication de vaccins dans plus de pays, comme l’a rapporté AP.

Elle a également abordé la question du « manque de confiance » entre les membres de l’OMC et a exprimé le besoin urgent de bâtir un esprit de coopération après des années de conflits assaisonnés de sanctions et taxes entre les pays membres.


Comme le notait Jackie Bischof, éditeur du média Quartz Africa, c’est un motif de satisfaction que de voir les femmes africaines atteindre de tels sommets – signe des nombreux progrès accomplis par le continent en matière de parité entre les sexes. L’Afrique compte un nombre remarquablement élevé de femmes entrepreneurs et la plus forte représentation de femmes dans les conseils d’administration que toute autre région du monde -25%, contre une moyenne mondiale de 17%, selon le rapport de McKinsey 2019 sur l’égalité des sexes pour les femmes africaines.