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Le laboratoire allemand BioNTech va installer des usines de production de vaccins contre le paludisme et la tuberculose au Sénégal et au Rwanda. Comme pour le vaccin contre le Covid-19, c’est la technologie de l’ARN messager qui sera utilisée.

Maladie qui sévit en Afrique, en Asie et dans les régions tropicales et subtropicales d’Amérique, le paludisme, ou malaria, frappe chaque année 229 millions de personnes et cause quelque 400 000 décès, majoritairement des enfants de moins de 5 ans. « C’est la première endémie parasitaire », rappelle l’Institut Pasteur. Contrairement à une pandémie, une endémie est une maladie limitée habituellement à une région donnée. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) souhaite l’éradication du paludisme avant 2026. C’est dire qu’une véritable course contre la montre a été engagée. Selon la revue The New Scientist, quelque 160 vaccins contre le paludisme ont à ce jour déjà été testés chez l’homme contre le parasite responsable de la maladie. Avec peu de succès. Il n’existe actuellement aucun vaccin approuvé contre le paludisme. Mais les espoirs d’éradiquer cette pathologie saisonnière (provoquée par une piqûre de moustique) viennent d’être ravivés.

« Il s’agit d’un jour historique dans notre combat pour l’accès au vaccin »

Macky Sall, président du Sénégal

Le laboratoire BioNTech a annoncé cet été sa volonté d’appliquer au paludisme la technologie prometteuse de l’ARN messager utilisée dans le vaccin contre le Covid-19. Les usines de production seront basées au Sénégal et au Rwanda. « BioNTech compte développer le premier vaccin à ARNm pour la prévention de la malaria » qui sera produit sur le continent africain, a communiqué la firme allemande. « La probabilité de succès est grande », s’est réjoui Ugur Sahin, directeur et cofondateur de BioNTech. « Il s’agit d’un jour historique dans notre combat pour l’accès au vaccin », a salué le président sénégalais Macky Sall. De son côté, le président rwandais Paul Kagame s’est réjoui de « la vision » de BioNTech d’installer une production en Afrique. Les études, lancées d’ici à la fin 2022, auront lieu en Afrique et « d’autres régions où la malaria est répandue » mais également en Allemagne dans le cadre de ce programme soutenu par l’OMS, l’Union européenne et le Centre de prévention et de contrôle des maladies de l’Union africaine.

Trois mois avant l’annonce de la firme allemande, le vaccin candidat Matrix-M, développé par l’Université d’Oxford, s’est présenté comme une riposte efficace. Lors d’un essai clinique randomisé, l’efficacité était de 77 %. En août 2021, The New England Journal of Medicine a révélé que, selon un essai clinique randomisé, combiner le tout premier vaccin antimalaria et des médicaments antimalaria avec une dose de rappel avant la saison pluvieuse « peut substantiellement réduire les cas posant des risques mortels dans le Sahel ».

L’essai clinique a été mené auprès de 6000 enfants de 5 à 17 mois, résidant au Burkina Faso et au Mali. L’étude court sur trois ans, puisque la saisonnalité de la maladie a un impact sur l’évaluation de l’efficacité de cette stratégie. Les cas d’infection ont été réduits de 63 %, les hospitalisations de 71 % et les décès de 73 %.

Les enfants qui ont participé à l’étude vont continuer à recevoir ce protocole médical, jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge de 5 ans. Et d’ici deux ans, une publication complémentaire va évaluer les résultats sur un temps encore plus long.