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Dans le cadre de notre reportage sur la STEP de Vidy, Dossiers Publics s’est entretenu avec le conseiller municipal de la Ville de Lausanne, en charge du dicastère de la sécurité et de l’économie, qui est également en charge de l’eau, de son captage à son traitement, de sa distribution à son épuration. Pour lui, ici aussi, la sécurité est une priorité.

Dossiers Publics: Comment est l’eau «buvable» à Lausanne?

Pierre-Antoine Hildbrand: Elle est bonne, disent ses habitants. Voire très bonne! Mais afin de garantir à sa population une eau d’une qualité optimale, et afin aussi de prévenir la «crise de l’eau», une conséquence de la crise climatique, la ville fait le choix d’investir massivement dans ses infrastructures afin d’assurer l’excellence à sa population, comme aux communes voisines. Soit quelque 350 000 personnes à qui demain la nouvelle STEP de Vidy fournira plus de 31 milliards de litre d’eau sûre à 100 % par année. Une mission de première importance, donc, réalisée depuis une parcelle rendue respectueuse de son environnement et que, demain, les Lausannois pourront enfin se réapproprier. 

Quelle responsabilité incombe à la STEP de Vidy?

Elle est très importante. Depuis cette station d’épuration, la plus grande implantée au bord du Léman, nous gérons l’aboutissement du cycle de l’eau. Nous avons d’abord dû pomper l’eau du lac, la traiter, la distribuer aux Lausannois et aux habitants de 17 communes, puis épurer ces eaux avant leur retour dans le Léman. Ainsi rejetée, cette eau alimente toute la Vallée du Rhône jusqu’à la Méditerranée. Nous sommes un peu le château d’eau de l’Europe!

A Lausanne, l’eau est-elle encore en partie issue des sources de Château-d’Œx?

C’est en effet toujours le cas. Au début du XXe siècle, les touristes britanniques qui se rendaient sur la Riviera vaudoise ne voulaient pas boire d’eau du lac, mais seulement celle tirée de source. Les hôteliers et médecins lausannois, alors en concurrence avec ceux de Montreux, ont demandé que l’on prospecte afin de trouver des sources dans tout le canton. Lausanne a ainsi acheté des sources vers Château-d’Œx. On fait toujours venir de l’eau de là-bas grâce à la pression liée à la différence d’altitude, sans utiliser d’électricité. Il en est de même pour l’eau tirée du lac de Bret. 

La population de l’agglomération lausannoise est-elle satisfaite de la qualité de son eau?

Absolument. Une récente étude démontre que 90 % des personnes interrogées boivent de l’eau du robinet, car elle a bon goût, est économique et écologique. L’eau est d’ailleurs un sujet qui passionne les Lausannois. Il y a une véritable prise de conscience concernant l’avantage qu’il y a à consommer l’eau du robinet, plutôt que de l’eau en bouteille plastique.

En 2018, le Service de l’eau de la Ville de Lausanne a effectué plus de 6 000 prélèvements donnant lieu à quelque 100 000 résultats d’analyse. Que démontrent-ils?

Que le taux de conformité pour l’eau potable est proche de 100 %. Dans le cadre de la nouvelle STEP, nos efforts se portent tout particulièrement sur l’éradication des micropolluants afin de préserver l’environnement et la principale ressource en eau potable, et garantir une qualité optimale aux consommateurs actuels, comme aux générations futures.

Quel est le montant de l’investissement réalisé par la Ville afin de protéger ses ressources en eau et assurer le bien-être des consommateurs et de l’écosystème?

En clair, jamais Lausanne n’a autant investi dans l’eau que durant cette législature : 4,5 millions pour les premières études réalisées autour de la future STEP de Vidy, 350 millions pour sa reconstruction, 82 millions pour l’usine de pompage de Saint-Sulpice dont on refait tout le système, plus les différents investissements nécessaires dans le réseau et le laboratoire. En tout, on est à plus d’un demi-milliard investi dans le domaine de l’eau! Cet investissement nous garantit au quotidien une eau d’une qualité irréprochable, mais aussi un haut niveau de réponse face aux effets de la crise climatique : canicule ou pic de précipitations et inondations. 

Avec quels acteurs de la construction avez-vous choisi de travailler sur le chantier de la STEP?

Nous avons une équipe dédiée au sein d’Epura SA (Ville de Lausanne) qui œuvre à coordonner l’ensemble des travaux. Pour la construction en tant que telle, nous collaborons avec des bureaux d’ingénieurs et des entreprises majoritairement locales. Parmi elles, notamment, GIBES, Groupement d’ingénieurs Civils (Synaxis SA + Crisinel & Favez et Associés) pour le génie civil, le Consortium Suez-Techfina SA pour les traitements primaires et biologiques, le traitement des micropolluants et celui des boues, ou encore Implenia Suisse SA pour le béton armé. Chacune de ces entreprises a été recrutée à l’issue d’appels d’offres selon les règles des marchés publics.

À l’inauguration de la STEP en 2023, pariez-vous sur une réappropriation de ce lieu par les Lausannois?

Je le crois. Vidy est notamment un lieu important pour la faune et la flore. Il possède surtout un rôle social extraordinaire entre la présence du bâtiment du CIO, celle des universités ou de plusieurs espaces de loisirs. Une station d’épuration n’était pas forcément un ornement évident. Mais la STEP va s’adapter. Nous allons par exemple couvrir un certain nombre de bassins afin d’éliminer les nuisances olfactives et de favoriser la vie autour du site. 

Souhaitez-vous également faciliter l’accès au site?

Oui. Dans cette ville qui possède un réseau de transport public en étoile, nous créons une tangente avec la ligne 24 («Ligne olympique») qui relie Pully, les bords du lac, en passant par Vidy et jusqu’à la Bourdonnette. Cette initiative sera de nature à fortement transformer les usages de la Ville.