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C’est le constat alarmant qui ressort d’une étude publiée par Oceaneye, association à but non lucratif basée à Genève, sur la pollution microplastique du Rhône.

Oceaneye publie aujourd’hui, à l’occasion de la Journée internationale d’action pour les rivières, son rapport sur la pollution du Rhône par les déchets micro- et mésoplastiques. L’étude se base sur 39 échantillons prélevés à intervalles réguliers sur une année complète. Les résultats montrent, une fois de plus, la présence de polluants plastiques dans le Rhône et en amont dans le Léman, ainsi qu’une distincte saisonnalité de celle-ci. Le transport des déchets micro- (1.0 – 5.0 mm) et mésoplastiques (5.0 – 25.0 mm) dans le Rhône atteint un pic durant les saisons estivale et automnale. L’association appelle les autorités à prendre des mesures efficaces pour réduire cette pollution, dont l’origine serait principalement la dissémination d’objets de grande consommation en plastique, en constante augmentation en Suisse.

Sources de pollution et tendance saisonnière
Les échantillons montrent que le taux de microplastiques s’accroît dès le mois de mai pour atteindre son pic entre juillet et septembre. Les mésoplastiques sont particulièrement présents de septembre à novembre. Cette tendance saisonnière semble toutefois pointer du doigt le littering lié à des activités en extérieur, et plus particulièrement lacustres, comme source de pollution. L’étude ayant porté sur la première année de la pandémie de Covid-19 et de semi-confinement, ce paramètre pourrait avoir une incidence sur les chiffres obtenus. En contexte hors pandémie, ceux-ci pourraient être plus élevés et les effets de saisonnalités différents. Les types de microplastiques retrouvés dans les échantillons sont des mousses, films, lignes, pellets, et fragments, dans des proportions variables selon la période de l’année.

Exemples de pelletsExemples de fragmentsExemples de mousses
(matériaux expansés)

Face à la pauvreté de solutions proposées par l’industrie, Oceaneye estime plus que jamais nécessaire pour les décideurs politiques d’instaurer des mesures contraignantes

Résultats chiffrés
Le flux total moyen de microplastiques et mésoplastiques cumulés quittant le Léman via le Rhône a été mesuré par Oceaneye en 2020 à 4.3 tonnes/an, correspondant à environ 884’000’000 particules/an. Toutefois, cette étude s’est portée uniquement sur les microplastiques supérieurs à 1.0 mm, excluant ceux inférieurs à 1.0 mm, les nanoplastiques (< 1.0 um) et les macroplastiques (> 25.0 mm). Le flux mesuré ne représente donc qu’une fraction de la masse totale de déchets plastiques quittant le Léman via le Rhône. Selon des estimations comparatives, le flux de macroplastiques à Genève est estimé à 7.7 tonnes/an. Le flux total de plastique quittant le Léman via le Rhône serait donc de l’ordre de 12.0 tonnes/an.

Les autorités genevoises interpellées, des solutions proposées

Cette étude a été portée à l’attention des autorités, notamment l’Office cantonal de l’eau du canton de Genève. Celles-ci se sont dites “sensibles à ce vrai problème” et cherchent des moyens d’action. La Ville de Genève a déjà interdit en 2020 l’utilisation des plastiques à usage unique pour les activités autorisées sur l’espace public. L’Office cantonal de l’eau a initié en 2022 des prélèvements et tests sur les particules fines de plastique dans les affluents du Léman, le Rhône et l’Arve en collaboration avec la CIPEL et l’EPFL, les résultats seront connus fin 2023. Il a par ailleurs mandaté, conjointement à l’office cantonal de l’environnement, une étude portant sur la modélisation des flux de déchets plastiques à l’échelle de la ville de Genève afin notamment, d’identifier les points de rejet les plus problématiques. Cette étude s’inscrit dans le plan cantonal de gestion des déchets 2020-2025, les premiers résultats seront publiés courant 2022.

La problématique de la consommation et de la production de déchets plastiques en Suisse, ainsi que des incivilités, est connue de longue date. Face à la pauvreté de solutions proposées par l’industrie, Oceaneye estime plus que jamais nécessaire pour les décideurs politiques d’instaurer des mesures contraignantes pour :

  • Réduire/interdire les emballages ou les suremballages
  • Réduire/interdire les usages uniques
  • Donner la possibilité aux consommateurs d’acheter en vrac
  • Promouvoir massivement les produits favorisant une économie circulaire et interdire à terme tous les emballages non recyclables ou non réutilisables
  • Introduire dans le programme scolaire une formation obligatoire sur les méfaits du littering.

Ces solutions pourraient facilement être mises en place dans le quotidien des citoyens et citoyennes, et accueillies de façon positive. Oceaneye avait déjà publié en 2020 une étude démontrant que la pollution microplastique du Léman était comparable à celle des océans. Pollué en amont, le Rhône contribue à la pollution de la mer Méditerranée et des océans in fine, les cours d’eau étant connectés. Chacun est donc concerné, à l’intérieur et au-delà des frontières helvétiques.

Références

Rapport complet de la pollution du Rhône

Rapport complet de la pollution du Léman est disponible

Rapport complet sur la production et la consommation de plastique en Suisse en 2021 (Wirtschaftsdaten 2021)

Source: Oceaneye

Image d’illustration: Naja Bertolt Jensen