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Au printemps dernier, l’état d’urgence a mis en lumière un esprit de générosité et un sens de l’innovation au sein de nos entreprises. Inspirées par la crise, les PME ont fait preuve de souplesse et de créativité. Un peu sous la contrainte, certes, ce qui n’enlève toutefois rien à leur mérite ! Les voilà qui s’apprêtent à remettre le couvert, toujours face à cet ennemi invisible qui prend décidément un malin plaisir à saper notre quotidien.

Quasiment du jour au lendemain, de nombreuses sociétés se sont retrouvées dans l’obligation de s’adapter rapidement à un nouvel ordre mondial, de se diversifier, voire de se réinventer, pour venir en aide à la population. Citons l’exemple de l’entreprise genevoise Infomaniak, qui a mis en place un nouveau produit de vidéoconférence en moins d’une semaine, alors que le lancement était initialement prévu en 2021. Pour soutenir l’économie suisse, la spécialiste du web et de l’informatique a accéléré le processus de développement du logiciel « Meet » qui est gratuit et, surtout, qui protège la confidentialité des ses clients. « Nous trouvions important de proposer une alternative suisse aux logiciels américains, » a déclaré Boris Siegenthaler, CEO d’Infomaniak. En pleine pandémie, plus de 10 000 vidéoconférences par jour ont été enregistrés. De quoi grappiller une part du marché actuellement dominé par Zoom, Teams ou Skype.

Appareils respiratoires et masques
Parmi les initiatives qui ont fleuri à cette époque, le projet Covidair se distingue par son originalité. BCD microtechnique SA a réorienté son activité afin de produire des appareils respiratoires pour aider les patients touchés par le coronavirus. La PME vaudoise basée à Prévérenges est spécialiste dans le domaine des instruments de mesure pour l’industrie, l’horlogerie et le médical. « Un ami m’a appelé pour me proposer de réaliser un respirateur. J’ai été très enthousiasmé par son idée et j’ai démarré bille en tête avec mon équipe. » explique Cédric Pahud, directeur de BCD microtechnique SA. Covidair est un appareil avec masque, non invasif qui vise à faciliter la respiration d’un patient conscient, plutôt qu’une machine invasive telle que celle utilisée dans les services d’urgence pour intuber les patients dans un état grave.

COVIDAIR
L’objectif est d’aider à respirer un patient conscient. Techniquement, il s’agit d’appareils avec masques non invasifs et non d’une machine invasive, telles que celles que l’on utilise dans les services d’urgence pour intuber les patients les plus malades.

Malgré les incertitudes, SARS-Cov-2 peut être la matrice d’une véritable accélération de l’histoire

Lors du pic de la période du confinement, HeiQ a également réorienté son activité. La société zurichoise a créé un masque en tissu imbibé d’un produit capable de tuer le coronavirus. Développé il y a six ans, le masque avait été conçu pour neutraliser un autre coronavirus, le 229E à la suite des précédentes épidémies du SARS et du H1N1. Dès les premiers indices du Covid-19, le spin-off de l’Institut fédéral de technologie de Zurich (ETH) actif dans la recherche scientifique et la fabrication de matériaux spécialisés, a rapidement ressuscité le projet. Le fruit d’une collaboration entre l’EPFZ et l’EPFL, ces masques antiviraux ont été réservés dans un premier temps aux hôpitaux et à l’armée suisses.

Il y a quelques semaines, on apprenait que la marque de luxe Bulgari (certes pas une PME, et pas suisse en tant que telle) présentait, à l’occasion du salon Geneva Watch Days, une montre «anti-Covid» développée en six mois. Son prix, jugé abordable, est censé générer des volumes, donner du travail à ses employés et éviter des licenciements, notamment au sein des quatre sites de sa manufacture horlogère implantée au cœur du Jura suisse.


Malgré les incertitudes, SARS-Cov-2 peut être la matrice d’une véritable accélération de l’histoire, notamment en termes de pratiques professionnelles, dont le développement de nouveaux outils de travail et la diversification d’activités sont les aspects principaux.