Publicités

Les premiers entretiens de Watteville de cette année ont eu lieu vendredi 3 février 2023, réunissant une délégation du Conseil fédéral placée sous la direction du président de la Confédération Alain Berset et les responsables des partis gouvernementaux. Le conseiller fédéral Guy Parmelin, la conseillère fédérale Viola Amherd et le chancelier de la Confédération Walter Thurnherr ont également pris part à ces entretiens qui ont porté essentiellement sur des questions de politique étrangère et de sécurité, notamment sur la situation en Ukraine, en Iran et au Kosovo. Il a également été question de la situation économique, de la politique énergétique et de la migration, ainsi que de la politique européenne et de l’état des finances fédérales.

Que sont les Entretiens de Watteville?

Rendez-vous calqués sur les sessions parlementaires, ces entretiens permettent aux membres du Conseil fédéral de rencontrer régulièrement les dirigeants des partis gouvernementaux afin de discuter de sujets d’actualité. Institués en 1970, les Entretiens de Watteville ont le but de faciliter la recherche de consensus dans le système de concordance. C’est le 15 juin 1970 qu’eurent lieu les premières réunions dans la Maison Béatrice de Watteville à Berne. L’invitation mentionnait une discussion ouverte avec les présidents des partis et des groupes représentés au gouvernement. Ce n’est que dans les années 80 que le titre d’Entretiens de Watteville s’imposa pour désigner les réunions auxquelles prennent part les responsables des partis gouvernementaux et le Conseil fédéral. Ces réunions sont dans la ligne directe de la politique consensuelle suisse qui, comme le définit le Conseil fédéral et suite à l’adoption de la «formule magique», s’apparente à de l’horlogerie politique, dans la tradition du compromis helvétique. Les entretiens de Watteville sont un moyen d’y parvenir depuis 50 ans.

Entretiens de Watteville dans les années 1970

Premiers entretiens de l’année 2023

Pour cette première édition 2023, la délégation du Conseil fédéral a donné des informations sur la situation en matière de politique étrangère et de sécurité. Près d’une année après l’attaque russe contre l’Ukraine, la guerre se poursuit sans relâche. Ce conflit s’inscrit dans un contexte de tension plus général entre la Russie et l’Occident ; il est probable qu’il marquera à long terme la sécurité en Europe. La Suisse est donc mise au défi de maintenir son soutien. Du fait de sa neutralité, elle est observée de près au niveau international et on attend d’elle qu’elle continue de fournir ou renforce ses prestations dans le domaine de l’aide humanitaire et de la reconstruction, ainsi que dans celui de la sécurité. Les débats en cours au Parlement concernant la transmission, par des États tiers, de matériel de guerre suisse à l’Ukraine ont également été évoqués.

La délégation du Conseil fédéral et les partis ont discuté des différents foyers de crise et de leurs conséquences pour la Suisse.



Les événements en Iran et au Kosovo occupent aussi la Suisse pour ce qui est de la politique étrangère et de la sécurité. Notre pays a fermement condamné les arrestations de masse et les exécutions ordonnées en Iran. Au Kosovo, la situation s’est détériorée au mois de décembre dans le nord du pays, qui a connu des manifestations, des affrontements avec la police et des barrages routiers. La situation s’est depuis apaisée, mais le conflit sous-jacent entre Belgrade et Pristina n’est pas résolu. La Suisse est présente au Kosovo, où son contingent SWISSCOY participe à la mission pour la paix KFOR. Les tensions récentes montrent l’importance de cette mission qui vise à stabiliser la région ; il s’agit de la principale contribution suisse à l’OTAN et cet engagement reste très apprécié, raison pour laquelle il est important de le poursuivre. La délégation du Conseil fédéral et les partis ont discuté des différents foyers de crise et de leurs conséquences pour la Suisse.

Évolution de la sécurité de l’approvisionnement

La délégation du Conseil fédéral a informé ses interlocuteurs sur l’évolution de la situation économique. Selon les estimations actuelles, il est probable que l’économie suisse ne se développera que faiblement au cours des prochains trimestres. Il y a toutefois très peu de chance que la Suisse doive faire face à une grave récession. La situation sur le front de l’approvisionnement énergétique s’est un peu détendue et la conjoncture est stable. En comparaison internationale, la hausse des prix est modeste en Suisse. Il n’est néanmoins pas exclu que la situation énergétique s’aggrave dans les mois à venir ou à l’hiver 2023/24.

Le Conseil fédéral suit l’évolution conjoncturelle, en tenant compte des aspects liés à la sécurité de l’approvisionnement. En prévision de l’hiver prochain, le DETEC prépare une loi fédérale urgente visant à renforcer la sécurité de l’approvisionnement en gaz. Il coopère en outre avec le DEFR pour élaborer d’ici le printemps 2023 une stratégie visant à instaurer une réserve liée à la réduction de la consommation. Dans ce cadre, les gros consommateurs pourront prendre des engagements de réduction ciblés, pour lesquels ils percevront un dédommagement. À moyen et long terme, il est aussi prévu d’édicter une loi fédérale relative à un approvisionnement en électricité sûr reposant sur des énergies renouvelables. Le projet est actuellement en suspens au Parlement. Le Conseil fédéral a réagi aux tensions sur le marché énergétique en prenant des mesures préventives et en inscrivant d’ores et déjà des éléments de la future loi dans des ordonnances. La réserve hydroélectrique, les centrales de réserve et les groupes électrogènes de secours en pools sont déjà en place cet hiver.

En début d’année, il est probable que 2500 à 5000 personnes en provenance d’Ukraine viendront chaque mois chercher protection en Suisse.



Politique européenne et migration

La politique européenne a été abordée. Les membres du Conseil fédéral ont informé les responsables des partis sur l’avancement des discussions exploratoires menées avec la Commission européenne. Ces discussions ont pour but de définir une base commune en vue d’un nouveau mandat de négociation. À ce jour, sept sessions exploratoires et onze discussions techniques ont eu lieu. Les délégations ont trouvé des terrains d’entente dans plusieurs domaines, mais il reste encore plusieurs points en suspens. Les discussions exploratoires se poursuivront.

La discussion avec les partis a aussi porté sur la situation migratoire. En 2022, près de 75 000 personnes ayant fui l’Ukraine ont cherché protection en Suisse ; certaines d’entre elles sont depuis déjà reparties. À la fin de l’année, environ 62 800 personnes bénéficiaient du statut S dans notre pays, auxquelles s’ajoutaient 24 500 requérants d’asile. Depuis le printemps dernier, l’armée met des hébergements temporaires à disposition de Secrétariat d’État aux migrations (SEM). En décembre 2022, le Conseil fédéral a approuvé un engagement subsidiaire de l’armée en faveur du SEM. En 2023, le SEM table sur 27 000 demandes d’asile. Mais ce chiffre pourrait être plus élevé en fonction des mouvements migratoires, en particulier dans le sud-est de l’Europe, et de la manière dont les pays voisins géreront l’asile et les renvois. En début d’année, il est probable que 2500 à 5000 personnes en provenance d’Ukraine viendront chaque mois chercher protection en Suisse.

Finances fédérales


Enfin, le Conseil fédéral a informé les responsables des partis sur l’état du budget de la Confédération. Le budget 2024 et le plan financier des années suivantes risquent d’être déficitaires de plusieurs milliards de francs. Le Conseil fédéral a donc décidé fin janvier d’appliquer un plan d’allègement afin d’amortir un déficit pouvant atteindre jusqu’à deux milliards de francs et de respecter les prescriptions du frein à l’endettement.

Source