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Présente au Sénégal depuis 2012, la fondation suisse Access To Water (A2W) est active dans des projets d’accès à l’eau potable, à la santé, à l’éducation et à la création d’emploi, dans des zones rurales victimes de stress hydrique. L’action de cette structure basée à Bulle (FR) a permis de distribuer plus de 150 millions de litres d’eau potable dans des régions sénégalaises où l’eau est rare, fluorée, polluée et souvent salée. C’est dans ce cadre que la fondation participe au 9e Forum mondial de l’eau. Président et fondateur d’A2W, Renaud de Watteville donne dans cet entretien sa vision de l’accès à l’eau potable dans le but d’améliorer le cadre de vie des populations rurales.

Les projets sont gérés depuis la Suisse ?
Renaud de Watteville  : Non, ils sont gérés localement par une équipe absolument formidable.
Pour qu’un projet réussisse, il faut qu’il ait un ancrage local extrêmement fort. Nous avons la chance d’avoir un soutien des communautés et des autorités locales.

Quelles sont les actions phares menées par votre fondation ?
Les premières années, la fondation a mis en place un réseau de kiosques d’eau potable qui a permis de produire plus de 150 millions de litres dans les régions rurales. Depuis 2019, afin de financer son expansion, ce projet a été repris par des privés.

Et les principaux projets en cours ?
Depuis 2020, la fondation a mis en place un nouveau projet : l’eau est donnée gratuitement aux populations vivant dans des zones sous stress hydrique. Les machines sont installées dans des postes de santé et des écoles. Un système de maintenance est mis en place. Il est financé sous la forme d’un forfait au niveau de la communauté. Nous avons commencé par des petites machines qui traitaient environ 50 à 100 litres par jour. Nous en avons installé 87. Depuis le mois de février de cette année, nous installons des machines plus grandes qui arrivent à produire jusqu’à 1400 litres par jour. Nous nous préparons à porter de l’eau gratuitement à plus de 80 000 personnes à raison de 2 litres par jour et par personne d’ici à la fin de l’année.

Nous travaillons actuellement sur le développement de nouvelles machines de traitement d’eau qui seront suivies grâce à un système de nanosatellite développé et géré en Suisse avec Astrocast

Renaud de Watteville, président et fondateur d’A2W

Quelques idées révolutionnaires sont également en cours, non ?
Oui, c’est vrai. Nous travaillons actuellement sur le développement de nouvelles machines de traitement d’eau qui seront suivies grâce à un système de nanosatellite développé et géré en Suisse avec Astrocast. Cela sera probablement les premières machines livrées en pirogue et suivies par nanosatellites ! La fondation est également active dans la recherche et le développement de solutions de traitement d’eau en partenariat avec l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL).

Quel est le bilan de l’action menée jusqu’ici ?
L’impact du projet est immédiat. La santé des communautés rurales s’améliore rapidement. Les maladies liées à l’eau disparaissent. Dans les zones où l’eau et saumâtre, l’hypertension diminue rapidement, particulièrement pour les personnes âgées. Dans les régions souffrant du fluor, l’impact est également immédiat. L’action de la fondation a également des incidences positives sur le plan économique et social. En effet, l’absentéisme diminue, les enfants apprennent mieux à l’école. La clé pour accompagner les populations et améliorer leur qualité de vie, c’est d’abord l’eau potable. Les populations n’ont plus besoin de parcourir de nombreux kilomètres pour aller chercher de l’eau. La production d’eau potable se fait sur place. Et le liquide précieux est utilisé dans des bouteilles recyclées.

Pourquoi le choix du Sénégal ?
Ça, c’est une très bonne question ! En fait, je ne sais pas ! J’imaginais faire un projet-pilote en Asie. Mais, un jour, quelqu’un m’a parlé du Sénégal avec une telle force et une telle autorité que je me suis dit que cela devait se faire ainsi. Et après mon premier voyage, je n’ai pas hésité une seconde. La réalité des besoins et l’engagement des populations m’ont convaincu immédiatement. J’espère que le projet sénégalais sera un exemple pour d’autres régions, pour d’autres pays.

Bio express

Renaud de Watteville (63 ans) est un ancien pilote professionnel. Mais après deux ans de formation, il a dû renoncer à sa carrière à cause de problèmes de vue. Passionné de voile et de voyages, il a parcouru le monde avant de travailler, dès 1984, pour le centre sportif de l’Université de Lausanne et, ensuite, de l’EPFL. En 1989, il a lancé une agence événementielle et a eu notamment des mandats de Swiss Tourism, Nestlé, Swatch, Expo.02, Red Bull et la coupe du monde de snowboard à Leysin pendant 23 ans. En 2008, Renaud de Watteville a fondé Swiss Fresh Water (SFW). C’est l’occasion pour lui de mettre son expérience à disposition d’un projet industriel ayant un fort impact humain. En 2012, il crée la Fondation Access To Water. Et en 2018, il quitte SFW pour se consacrer à 100 % à la fondation. Renaud de Watteville est marié et père de deux enfants adultes.