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L’annonce, mi-février, d’un financement à hauteur de 24 millions d’euros du Canton du Valais pour la réhabilitation de la portion ferroviaire Évian – Saint-Gingolph, à l’arrêt depuis 1998, a remis le projet sur le devant de la scène. Appelant de fait un geste fort de la part des acteurs politiques français pour relancer un projet d’intérêt général

Dans un communiqué annoncé le 19 février dernier, le canton du Valais a soumis un crédit d’engagement de 22,8 millions de francs suisses (23,7 millions d’euros) pour préfinancer les études, les procédures et les travaux de réhabilitation de la ligne du Tonkin. « Acte fondateur », « engagement très fort », de part et d’autre de la frontière, les réactions disent beaucoup de l’annonce faite par le Canton du Valais. Fermée depuis 1998, cette voie de chemin de fer de 17,8 km surnommée “ligne du Tonkin” reliant Evian-les-Bains à Saint-Gingolph, entre la Haute-Savoie et la Suisse incarne le chaînon manquant de la boucle ferroviaire lémanique.

« Cette annonce du canton du Valais, c’est un signal fort que l’on attendait d’un côté ou de l’autre de la frontière. On s’en réjouit et c’est un signal pour la partie française de vite annoncer les premiers engagements pour lancer ce projet », se réjouit Joël Grandcollot, président de l’association RER Sud-Léman qui milite pour sa réouverture, parlant d’une enveloppe « historique. »

Quels financements français ?

La ligne de 17,8 km, fermée depuis 1998, s’inscrirait dans le prolongement de celle du Léman Express, déjà en service côté genevois, permettant de boucler le tour du Léman par le rail. Les sommes qui pourraient être engagées par le canton suisse seraient pour la plupart dédiées à la mise en place d’infrastructures ferroviaires (18 millions de francs suisses) et le reste au préfinancement des études (4,8 millions de francs suisses).

Le tracé du RER Sud-Léman qui irait d'Evian-les-Bains à Saint-Gingolph (Haute-Savoie).
Le tracé du RER Sud-Léman qui irait d’Evian-les-Bains à Saint-Gingolph (Haute-Savoie). • © France 3 Alpes

Les dernières études estiment à 4 000 le nombre de voyageurs qui pourraient emprunter la ligne ferroviaire chaque jour, soit près de 1,5 million par an

Mais le déblocage de ces fonds reste soumise à l’approbation du Grand conseil qui doit se prononcer lundi. Et l’enveloppe ne représente qu’une maigre partie du budget nécessaire à la réhabilitation de la ligne ferroviaire, estimé à 300 millions d’euros.

Côté français, les financements dépendront du contrat de plan Etat-Région qui n’a pas encore été signé. Reste donc à savoir si la réhabilitation de la ligne du Tonkin y sera inscrite. « Le fait d’avoir acté ces 20 millions d’euros [de la part du canton du Valais, NDLR], on espère que ça va déclencher, côté français, les financements supplémentaires et les engagements tels qu’ils avaient été pris », souhaite Cyril Pellevat, sénateur (LR) de Haute-Savoie et président du comité de pilotage du RER Sud-Léman.

La Suisse a-t-elle débloqué la situation pour avancer vers une réhabilitation ? « On a des signaux au vert pour cette réouverture de ligne », assure le parlementaire. D’autant que des financements européens sont attendus pour compléter l’enveloppe lorsque le projet sera lancé.

Les dernières études estiment à 4 000 le nombre de voyageurs qui pourraient emprunter la ligne ferroviaire chaque jour, soit près de 1,5 million par an. « Quand on connaît la dynamique de la région, la démographie, l’attractivité de la Suisse en matière d’emploi, ces chiffres vont automatiquement évoluer dans les prochaines années. D’ici que le projet se concrétise, le potentiel sera encore plus important », ajoute Joël Grandcollot.

Un enjeu de taille pour réduire la circulation, alors que plus de 10 000 véhicules traversent la frontière chaque jour. « C’est dans l’intérêt de tout le monde de désengorger cette route et la ligne offre un accès supplémentaire du Valais au réseau TGV, ce qui est non négligeable », conclut-il.

Après des années d’immobilisme, la volonté politique semble désormais partagée des deux côtés de la frontière. Le début de travaux pourrait intervenir en 2028 ou 2029 pour une remise en service de la ligne d’ici 2031 ou 2032.

Source: france3-regions