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Qui dit entreprises suisses pense Nestlé, Novartis, Glencore et autres titans que le monde entier nous envie. Mais comme l’arbre de Noël qui cache la forêt des lutins œuvrant dans l’ombre, ces géants de la Bourse ne doivent pas faire oublier que la Suisse regorge de PME incroyablement dynamiques et innovantes, qui gagnent à être connues bien au-delà de nos frontières. C’est là que Switzerland Global Enterprise (S-GE) entre en scène…

Organisation officielle suisse chargée de la promotion des exportations et de la place économique, S-GE a des bureaux dans les trois régions linguistiques suisses et des antennes dans 31 pays. De l’assistance à l’export, pays par pays, jusqu’à la recherche de partenaires commerciaux, en passant par l’analyse de marchés et la présence dans les foires internationales, elle s’apparente à la pierre philosophale pour les entreprises helvétiques en quête d’expansion à l’international. Mais sur le plan local aussi, S-GE s’avère un allié précieux pour nos entrepreneurs, assurant sans relâche la promotion des investissements en Suisse.

A sa tête, une femme… de tête, justement. Docteur en économie et spécialiste des questions économiques internationales, la Bâloise Simone Wyss Fedele n’a que 39 ans lorsqu’elle se voit confier le rôle de CEO de S-GE en 2019. Elle répond aux questions de Dossiers Publics.

Dossiers Publics : Switzerland Global Enterprise (S-GE) est l’organisation officielle suisse chargée de la promotion des exportations et de la place économique. Expliquez-nous en quelques mots en quoi consiste cette activité et qui sont vos principaux partenaires.

Simone Wyss Fedele : Avec plaisir. Dans le domaine de la promotion des exportations, nous aidons les PME suisses à développer pleinement leur potentiel à l’international sur de nouveaux marchés ou des marchés existants grâce à des services ciblés tels que l’aide à la recherche de partenaires locaux. Avec nos partenaires, nous déployons ces services à l’échelle mondiale car nous sommes présents dans une trentaine de pays par l’intermédiaire de nos antennes dans les ambassades de Suisse, les « Swiss Business Hubs ». Nous avons pu fournir un appui efficace à plus de 5000 PME en 2020 et jouer un rôle de stabilisateur pendant la crise. Dans le cadre de la promotion de la place économique, nous nous employons à positionner la Suisse comme un pôle d’innovation technologique de premier plan, à identifier les entreprises particulièrement innovantes capables de renforcer l’économie suisse à long terme et à accompagner ces sociétés dans leur implantation en Suisse si elles le souhaitent. Tout cela se fait en étroite collaboration avec nos partenaires, les promoteurs régionaux, comme GGBa, et les cantons. Ainsi, nous avons contribué ensemble à la création de 1200 nouveaux emplois en Suisse en 2020. À noter que, hormis l’Irlande, seule la Suisse a vu augmenter les investissements directs de l’étranger en 2020. Cela illustre bien de quelle façon nous créons de la valeur.

Quels sont les principaux marchés cibles en 2021 et pour les années qui viennent?

Cette année, les exportateurs suisses ont montré un intérêt marqué pour les grands marchés comme les États-Unis et la Chine, pour les pays de l’UE comme la France, l’Espagne, l’Allemagne, ainsi que pour le Japon et la Corée. De façon générale, il ressort de nos activités de conseil que les exportateurs suisses privilégient actuellement les marchés à moindre risque, car leur marge de manœuvre financière et donc leur résistance aux risques ne sont pas encore revenus au niveau d’avant la crise. Nous pensons que ces deux prochaines années, nos clients PME se concentreront en Amérique, sur les États-Unis, en Europe, sur l’Allemagne et la France et en Asie sur la Chine, la Corée du Sud, le Japon et certains pays de l’ASEAN.

En ce qui concerne la promotion de la place économique, nous ciblons des entreprises innovantes dans dix marchés prioritaires, dont les États-Unis, la Chine, la France et l’Allemagne. Nous entendons par entreprises innovantes des leaders mondiaux dans des technologies clés. Dans les projets d’implantation transmis aux cantons au premier semestre 2021, les sociétés intéressées par une installation en Suisse provenaient majoritairement des États-Unis, d’Allemagne et d’Inde. Ce sont les projets d’implantation dans les sciences de la vie et les TIC qui génèrent la plus forte création de valeur, à l’exemple de la société medtech américaine Align Technology qui a transféré son siège européen d’Amsterdam à Rotkreuz (ZG).

Pourriez-vous nous donner un exemple de projet marquant?

Concernant la promotion de la place économique, j’ai déjà mentionné Align Technology. Pour la promotion des exportations, la société romande Droople, spécialisée dans les cleantech, est un bon exemple de réussite. L’entreprise propose des solutions de surveillance numérique pour des installations sanitaires et de traitement des eaux. Sa technologie innovante permet d’économiser l’eau et l’énergie. Les clients de Droople sont des entreprises de services, des écoles ou des fabricants de systèmes de traitement de l’eau. S-GE a aidé Droople à valider des marchés et à s’établir en Inde et au Japon. Nous l’avons accompagnée et conseillée pour trouver des projets sur le marché des smart cities et rationaliser au mieux les flux logistiques. Sa réussite prouve que l’innovation suisse peut apporter une contribution importante à un avenir durable à l’échelle mondiale.

Quelle est la part des cleantech dans votre promotion des industries suisses à l’export? Quelle est son évolution?

Elles prennent de plus en plus d’importance dans la promotion des exportations, car les entreprises suisses proposent des solutions innovantes qui contribuent à la durabilité mondiale. S-GE encourage spécifiquement les exportations de solutions cleantech. Nous avons en effet reçu un mandat complémentaire en 2016 du Secrétariat d’État à l’économie (SECO) et de l’Office fédéral de l’énergie (OFEN). Les sociétés actives dans les cleantech représentent environ 10% des entreprises que nous soutenons. Au fil des ans, nos activités de conseil pour les entreprises cleantech ont considérablement évolué. Par exemple, ces sociétés demandent aujourd’hui de plus en plus de renseignements très ciblés sur le marché, alors que, il y a quelques années, lorsqu’elles étaient encore des start-up, elles demandaient des informations de base plutôt simples, en matière douanière, par exemple. On voit bien que les entreprises cleantech, qui sont parfois d’anciennes spin-off, ont gagné en maturité et en expérience et ont manifestement amélioré leur capacité à se développer à l’international. 

« Nous sommes présents dans 150 pays dans le monde. Par l’intermédiaire de nos antennes  les Swiss Business Hubs nous sommes présents dans les 30 pays les plus porteurs de l’économie suisse ”

© Gaël Gaborel

Parlez-nous de vos antennes étrangères et de leur répartition sur le globe

Conjointement avec nos partenaires, nous sommes présents dans 150 pays dans le monde. Par l’intermédiaire de nos antennes les Swiss Business Hubs nous sommes présents dans les 30 pays les plus porteurs de l’économie suisse, avec une centaine de collaborateurs qui proposent une gamme de services complète. Nos hubs sont une réussite commune de S-GE et du Département fédéral des affaires étrangères DFAE. La majorité de nos employés sont issus du privé et ont une vraie expertise du monde des affaires dans leurs pays respectifs. Grâce à notre étroite collaboration avec le DFAE, nous disposons des meilleures connaissances possible sur le terrain et d’un excellent réseau de contacts au sein des autorités et du monde économique, atouts que nous mettons à profit de manière ciblée pour nos clients. Et bien sûr, nos équipes locales travaillent étroitement avec des partenaires tels que les chambres de commerce bilatérales, d’autres institutions suisses et des experts. À cette trentaine de pays, s’ajoutent 120 pays où nous pouvons fournir des services de base aux PME suisses par l’intermédiaire des missions diplomatiques et de notre réseau de partenaires sur le terrain. De cette manière, nous déployons nos ressources là où elles apportent le plus de valeur, tout en assurant une large couverture de nos services dans le monde.

Vous êtes à la tête de S-GE depuis deux ans maintenant. Pourriez-vous nous donner un aperçu de votre parcours personnel ?

J’ai toujours été fascinée par le commerce international. Après avoir obtenu mon doctorat en économie internationale, j’ai travaillé ces 20 dernières années pour les sciences de la vie, l’industrie MEM et les assurances. Cela soit en prise direct avec mon cœur de métier – chez Takeda Pharmaceuticals j’étais responsable du lancement de produits dans plus de 30 pays, et, chez Endress+Hauser, j’ai travaillé dans le marketing –, soit à l’interface avec l’extérieur : chez Novartis, j’étais responsable de la gestion des risques, comme la crise de l’euro ou la guerre commerciale, et, chez Helvetia, je représentais les intérêts de la compagnie dans les associations et auprès des autorités. Dans ma fonction actuelle chez S-GE, je peux combiner ces différentes expériences avec mon envie d’œuvrer à la prospérité de la Suisse. Et la collaboration avec les clients, les partenaires et mes équipes est une grande motivation pour moi.

Décrivez-nous les défis à relever pour les exportations suisses en cette période très spéciale liée à la crise sanitaire.

En pleine crise Covid, la situation pouvait se résumer à une fermeture généralisée des frontières : un très gros problème lorsqu’on opère à l’international. La bonne nouvelle est que cette époque est derrière nous. Certes, il y a encore des restrictions: les entreprises suisses ne pourront probablement pas revenir en Chine avant l’été 2022, la Suisse figure à nouveau sur la liste des pays à hauts risques des États-Unis depuis la fin août, et les perturbations des chaînes d’approvisionnement, c’est-à-dire les pénuries de pièces pour la production, se poursuivent. Mais la tendance est positive: les exportations suisses sont à nouveau à la hausse. Nous accompagnons aujourd’hui beaucoup plus de PME vers de nouveaux marchés que l’an dernier. Nous menons actuellement environ 40 % d’entretiens export de plus qu’à la même période en 2020. À l’heure où les affaires internationales sont toujours plus imprévisibles et plus complexes en raison des tensions géopolitiques, cette embellie arrive au bon moment. Elle montre que les entreprises ont pris le temps de réfléchir pour prendre des décisions stratégiques à long terme en matière d’expansion à l’international. C’est précisément dans cette démarche que nous les soutenons avec nos partenaires.