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Afin de mener à bien la transition énergétique, une PME fribourgeoise met au point des technologies de bioraffinerie capables de transformer des matières végétales en produits chimiques et en combustibles. Des plantes comme une vraie alternative au pétrole ? C’est le pari que s’est lancé Bloom Biorenewables.

L’enjeu est de taille : remplacer le pétrole dans notre vie quotidienne par un carbone durable et efficace. Depuis la ratification de l’Accord de Paris en 2017, la Suisse s’est engagée à réduire ses émissions de moitié d’ici à 2030, et le Conseil fédéral s’est fixé comme objectif la neutralité carbone d’ici à 2050. Pour y parvenir, les initiatives axées sur les énergies renouvelables fleurissent un peu partout, et dès à présent la biomasse vient s’ajouter au solaire et à l’éolien en tant que solution à fort potentiel.

Grâce à leur composition en huiles et en glucoses, les plantes constituent l’une des sources de carbone la plus abondante sur terre. Il s’agit d’un biocarburant propre, renouvelable et peu coûteux, dont une PME fribourgeoise a su tirer profit pour développer une technologie de bioraffinerie capable de transformer des matières végétales en carbone durable. Selon les dires de Remy Buser, PDG et cofondateur de Bloom Biorenewables : « Les plantes joueront sans aucun doute un rôle majeur dans le remplacement des ressources fossiles. » Tout en faisant partie intégrante du cycle naturel de l’environnement, l’utilisation de la biomasse neutre en CO2, en lieu et place du carbone fossile permettra de réduire incontestablement notre dépendance au pétrole, contributeur majeur au réchauffement climatique. Le processus unique de valorisation de bois et de déchets agricoles développé par les chimistes compte parmi les plus sélectifs du marché et permet une fabrication d’un nombre impressionnant de substances. À savoir, une gamme de produits destinés à remplacer les ingrédients non durables utilisés dans les cosmétiques, les parfums, les plastiques et les carburants. Tout compte fait, Bloom fournit des solutions qui permettent de passer d’une économie linéaire basée sur la pétrochimie à une économie circulaire basée sur les plantes.

Valoriser la biomasse
Jusqu’à présent, aucune alternative au pétrole n’a réussi à remplacer le carbone fossile dans la fabrication de matériaux. Afin d’y remédier, deux possibilités sont envisageables : soit recycler le carbone présent dans le CO2 de l’atmosphère, une option qui s’avère compliquée en raison de l’état très dilué du carbone qui le rend difficile à capturer ; soit extraire le carbone de la biomasse. En effet, cette ressource naturelle est déjà valorisée sous forme de fibres, notamment pour le papier. Toutefois, la biomasse est composée d’un mélange complexe de trois parties principales dont seulement la cellulose (40 % du poids total) est valorisée, tandis que la lignine et l’hémicellulose (environ 30-40 % de la pulpe) sont brûlées ou jetées. En revanche, grâce à la nouvelle technologie de Bloom, il est désormais possible de valoriser près de 75 % de la pulpe par le biais d’un traitement spécial qui consiste à l’ajout de l’aldéhyde pour stabiliser et empêcher les molécules de se détériorer. Chaque composant est ainsi extrait et valorisé individuellement. À titre d’illustration, l’hémicellulose permet de produire du bioplastique pour les emballages durables en remplaçant le polypropylène, et la lignine sert à fabriquer les parfums, les arômes ou des produits de chimie fine.

D’une économie linéaire basée sur la pétrochimie à une économie circulaire basée sur les plantes

Décarbonisation de l’industrie
Fondée en 2019 dans le but de commercialiser la technologie mise au point dans le Laboratoire des processus durables et catalytiques (LPDC) de l’EPFL, Bloom est aujourd’hui basée au MIC (Marly Innovation Center), à Fribourg, et propose des produits à un coût abordable aux diverses industries. Mis à part les arômes, textiles et peintures qui remplacent les équivalents dérivés du pétrole, Bloom conçoit également un polyester sous forme de PET recyclable et biodégradable ainsi que des biocarburants à la fine pointe de la technologie susceptibles de remplacer les mazouts lourds dans le transport maritime et l’aviation. Nul ne doute que la bioraffinerie offre un potentiel énorme dans la décarbonisation de ces industries, d’autant plus que Bloom a récemment levé 3,9 millions d’euros auprès de Breakthrough Energy Ventures Europe (BEV-E), un nouveau fonds lancé par Bill Gates pour soutenir les projets ambitieux en matière d’énergie propre. Dès lors, une telle marque de reconnaissance permettra à l’équipe de poursuivre la construction d’un nouveau laboratoire indépendant à Renens (VD) afin d’augmenter sa capacité de production. D’après Florent Héroguel, COO et cofondateur : « Nous avons commencé par une capacité de 15 litres, avant de passer à 600 litres. L’objectif est d’atteindre 10 000 tonnes de biomasse par an en production industrielle dès 2022. » Dans ce contexte, il ne reste qu’à convaincre les grands industriels de se tourner vers un monde sans pétrole et faire de la Suisse un leader dans la lutte contre le changement climatique.

L’équipe de la PME se caractérise par sa jeunesse, alliant une expérience entrepreneuriale et une forte expertise en chimie