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Avant de disparaître en 2006, le célèbre funiculaire qui reliait Ouchy au centre-ville a, durant plus d’un siècle, transporté des milliers de Lausannois

C’est au cours du Conseil communal du 6 juin 1873, qu’a été adoptée la convention conclue entre l’Autorité et le Comité du chemin de fer Lausanne-Ouchy, pour la cession de terrains en vue de la construction d’un funiculaire sensé relier les bords du lac à la ville. En effet, l’ouverture de la gare de Chemin de Fer Ouest-Suisse a donné naissance à l’idée d’une liaison entre les ports d’Ouchy et de Lausanne, permettant le transport de marchandises et de matériaux de construction acheminés par bateau sur le lac ainsi que, bien sûr, de personnes. Dans cette convention, la Commune de Lausanne accorde à la Compagnie du chemin de fer de Lausanne à Ouchy, la cession gratuite du terrain communal des côtes de Montbenon.

La convention souligne entre autre le fait que toutes les parties métalliques des bâtiments à construire seront peintes en gris; que le voûtage du Flon sera opéré par la Commune sur une longueur de 400 mètres en aval du pont Pichard, mais, est-il précisé, la Commune ne sera pas tenue d’affecter à cette opération une somme excédant 20’000 francs par année. D’autre part, il est précisé que si la Compagnie juge utile d’exécuter les travaux dans un délai plus court que ne le comporte cette condition, il sera tenu compte de ses besoins, mais la Compagnie fera à la Commune l’avance des fonds nécessaires et qui excéderaient les annuités précitées.

Une présence familière et nécessaire
Les travaux débutent en 1874 avec le percement des deux tunnels, un grand à double voie sous la colline de Montbenon, un plus petit sous la gare et par le comblement de la vallée du Flon. Tous les ouvriers sont des réfugiés français ayant participé à l’insurrection de la Commune de Paris. Sous surveillance policière, ces anciens révolutionnaires avancent péniblement dans des terrains gorgés d’eau. L’appartement du chef de gare se fissure, les coûts du projet explosent. Cela n’empêche pas la Gazette de Lausanne de célébrer à longueur de numéros l’exploit d’une telle réalisation.

Le 16 mars 1877, Lausanne inaugure avec faste ce qui est en fait un exploit technique: construire entre Ouchy et le Flon, une ligne de moins de 1,5 kilomètre. Non seulement les convois de trois voitures gravissent un dénivelé de 120 mètres en moins de dix minutes, mais ils circulent à une fréquence inouïe pour l’époque: toutes les quinze minutes. Les 25 000 Lausannois qui viennent de se doter d’un des premiers chemins de fer métropolitains du monde, lui trouveront rapidement un surnom: la « Ficelle ». Le Lausanne-Ouchy (LO) est également le premier funiculaire moderne de Suisse. Les pentes de la capitale vaudoise sont vaincues. Enfin. Les premières réflexions pour relier le débarcadère d’Ouchy à la ville, en passant par la gare au bord des vignes, remontent au début des années 1860.

Le 16 mars 1877, Lausanne inaugure avec faste ce qui est en fait un exploit technique

Comme nous l’avons vu, le Lausanne-Ouchy ne transporte pas que des passagers, il véhicule aussi des marchandises. Cette tâche était confiée à un second funiculaire, celui qui assure, dès 1879, la navette entre la gare et le Flon. Le spectacle étonnant d’imposants wagons chemin de fer traversant la place de la Gare pour être accrochés à la petite « Ficelle » perdurera jusqu’en 1953. Après la modernisation des années cinquante, le trafic marchandises est déplacé à la gare de Lausanne-Sébeillon, jusqu’en 1979.

La ville se développe au rythme du passage de ses trains urbains. En 1898, la station de Montriond est inaugurée: les vignes appartiennent désormais au passé. Après des débuts difficiles, la compagnie privée commence à engranger de coquets bénéfices. Le nombre de voyageurs ne cesse de grimper. L’exploitant du LO et du LG put ainsi moderniser la ligne: le nouveau Lausanne-Gare fut inauguré le 24 octobre 1954 et le nouveau Lausanne-Ouchy le 9 mai 1958. La « Ficelle » entrait alors dans la modernité: les véhicules tractés par câble cèdant la place à des locomotives électriques.

Le succès ne se dément pas. La ville de Lausanne rachète la compagnie de chemin de fer en 1985. Moins de vingt ans plus tard, des ouvriers commencent à prolonger la ligne. Le Lausanne-Ouchy s’apprête à vaincre de nouvelles pentes. La « Ficelle » se transforme en métro sur pneus qui, depuis le 27 octobre 2008, sous le nom de M2, continue d’agrandir la ville, en direction d’Epalinges cette fois.

Jean-Jacques Mercier
(1826-1903)
Jean-Jacques Mercier, père de la « Ficelle », a transformé la tannerie familiale des bords du Flon en industrie prospère. Très engagé dans la vie politique, il est membre du Conseil communal de Lausanne entre 1866 et 1879 et participe à l’élaboration de la Constitution du canton. Promoteur des premiers « buildings » lausannois, il se lance dans le tourisme en rachetant le Château d’Ouchy. Opposé à l’impôt progressif, il se réfugie à l’étranger en 1893 et décède à Nice.